Selon Bank Al-Maghrib, le déficit budgétaire s'est établi à 17,8 milliards de dirhams à fin mai 2011 contre 15,8 milliards pour le déficit de caisse. Sale temps pour les finances publiques. Le déficit budgétaire continue de se creuser pour s'établir à 17,8 milliards de dirhams à fin mai 2011 au lieu de 13,5 milliards de dirhams, un mois auparavant, et à 115 millions de dirhams à la même période de l'année précédente. Pour sa part, le déficit du Trésor s'est, lui, chiffré à 15,8 milliards, selon les dernières données conjoncturelles publiées par Bank Al-Maghrib. Devant une telle situation, l'argentier du Maroc n'a devant lui que la voie royale de la privatisation pour colmater la brèche. Ce recours au marché international pour la levée de fonds n'avait, jusqu'ici, pas été envisagé. Pour assurer le financement de ce déficit, il a été procédé à la cession de 20% du capital social de la Banque centrale populaire (BCP) aux Banques populaires régionales. Ces recettes de privatisation de l'ordre de 5,3 milliards n'avaient pas suffit. Les deux cartes à jouer qui se profilent alors sont Maroc Telecom (8 à 9 milliards de dirhams) et la compagnie Royal Air Maroc. Mais il semble que dans un premier temps, ce soit la première pièce du jeu qui ait de fortes chances de prévaloir. Il n'est plus alors question de tenter d'occulter la situation fragile des finances publiques, d'autant plus que la situation sociale risque de voler en éclats. Les derniers événements survenus à la ville de Youssoufia sont là pour nous rappeler, encore une fois, que le prix de la paix sociale n'est plus à négliger. Selon certaines sources, les pertes encaissées par l'OCP, suite au blocage du transport de phosphates, sont estimées à près de 100 millions de dirhams. Un manque à gagner qui risque de s'aggraver si rien n'est fait pour contrecarrer les tensions populaires. Les deux cartes jouables qui se profilent sont Maroc Telecom (8 à 9 milliards de dirhams) et la compagnie Royal Air Maroc. La situation des emplois et des ressources du Trésor, disponible à fin mai 2011, montre également que le déficit enregistré est à attribuer, dans une large mesure, au poids de plus en plus lourd des charges de compensation, dont le montant a totalisé 20,7 milliards contre 11,2 milliards à la même période de 2010. Pour rappel, les dépenses de compensation, au terme de l'année en cours, devraient flirter avec les 45 milliards de dirhams, comme l'a bien souligné Abdellatif Jouahri, wali de la banque des banques, à l'issue de la réunion trimestrielle du conseil de BAM, mi-juin dernier à Rabat. Ces dépenses sont tirées vers le haut essentiellement à cause de la volatilité des prix des matières premières sur les marchés mondiaux. D'ailleurs, les cours du pétrole ont atteint des pics historiques en ligne avec la vague du printemps arabe. Et il semble de l'avis des analystes les plus optimistes que le cours du baril ne descendra pas sous la barre des 110 dollars en moyenne cette année. Les derniers indicateurs de la conjoncture nationale laissent dégager également une baisse des dépenses de fonctionnement de 6,1%, « recouvrant une baisse des dépenses des autres biens et services de 26,9% et une hausse de celles du personnel de 7,2% ». Idem pour les dépenses d'investissements qui se sont contractées de 16% tombant de 22,8 milliards de dirhams à près de 19,1 milliards de dirhams sur la même période de référence, au moment où les recettes ordinaires (hors privatisation), n'ont progressé que de 6,5%. Le financement monétaire du marché n'est pas en reste. « Le stock des arriérés de paiement s'est élevé à 17,4 milliards de dirhams à fin mai au lieu de 15,5 milliards à fin avril 2011 et de 10,5 milliards à fin mai 2010 », peut-on lire.