Le manque de structuration et d'organisation du secteur de l'intérim, la mauvaise loi…sont autant d'abus qui mettent à mal les droits des salariés. Etat des lieux et témoignage de Jamal Belahrach, président de la commission emploi et des relations sociales de la Confédération générale des entreprises du Maroc. Nombreux sont ceux qui se plaignent, voire même boudent l'intérim ou le travail temporaire au Maroc «Ils ont raison. Parce que l'intérimaire, et de manière générale, non seulement n'est pas couvert socialement, mais ne touche pas également son salaire complet. Bref, il ne jouit même pas d'un vrai statut juridique…», déplore Jamal Belahrach, président de la commission emploi et des relations sociales de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Le pire c'est que ce scenario tragique se passe sous l'œil « vigilant » de l'Etat, en l'absence de tout contrôle (inspection de travail) ou de dénonciation de la part des employés. Aux yeux de Belahrach, le manque de structuration et d'organisation du secteur, la mauvaise loi…sont autant d'abus qui mettent à mal les droits basiques du commun des mortels. Ajoutant que la loi marocaine fixe une durée maximale de 6 mois pour un seul et unique contrat de travail temporaire, alors qu'en France, il ne peut dépasser une période légale fixée à 18 mois en général. Voilà ce qui justifie le recours massif aux prolongations et renouvellement fréquents de ce type de contrats par les entreprises utilisatrices, gardant le plus longtemps possible le travailleur temporaire en poste. La législation, en fixant à 6 mois maximum la durée du contrat d'intérim, ne fait que rendre des dispositions légales une machine à «produire du chômage». Si bien que la loi interdit formellement de le maintenir en cas de prolongation au même poste. Pis encore, la législation marocaine en fixant à 6 mois maximum la durée du contrat d'intérim ne fait que rendre des dispositions légales une machine à « produire du chômage », pour reprendre les propres termes de Belahrach . Et de détailler que le premier emploi est capital pour le profil d'un salarié. Il lui permet d'enrichir son CV et partant de maximiser ses chances de décrocher un contrat à durée indéterminée, est-il souligné. - Le secteur compte plus de 50 000 salariés. - Un marché potentiel de 5 milliards de dirhams. - La marge bénéficiaire des entreprises d'intérim «légales» se situe entre 12 et 15%. Il faut savoir que la philosophie qui sous- tend même le recours à l'intérim consiste à disposer d'une personne opérationnelle et productive rapidement. Cela ne veut pas dire en revanche de l' employer autant de fois que souhaité dans des métiers à risque. Mais c'est malheureusement le cas. Et là se pose avec acuité la question de la formation continue. D'autant plus que le souci majeur des entreprises est d'assurer la bonne marche de la machine productive plutôt que de veiller sur la qualification et la productivité du personnel. Là aussi, la notion de productivité comme reconnue de par le monde perd tout son sens. À ce sujet, Belahrach qui est aussi patron de Manpower, 2e entreprise marocaine de travail temporaire drainant un chiffre d'affaires de l'ordre de 400 millions de dirhams, nous précise qu'aussi bien l'Etat que les entreprises contrevenantes aux dispositions de loi sont invités à assumer leur responsabilité. À une question sur le nombre des sociétés qui opèrent dans ce secteur à tendance sans cesse croissante, le DG désapprouve l'absence flagrante de statistiques officielles. Selon les estimations, entre 1 300 et 1 400 entreprises exercent cette activité dont plus de 90% ne déclarent pas leurs vrais chiffres d'affaires et ne déposent pas leur bilan. Seule une cinquantaine opère en toute légalité et en conformité avec les dispositions de la loi. Autant dire que la flexibilité de l'emploi est mal perçue chez nous. À tel point que l'exploitation politicienne du low- cost est devenue monnaie courante au Maroc.