Sans contrat, sans statut et sans protection, le marché de l'emploi informel fait la ventouse aux droits légaux du salarié. Souvent sous la houlette du besoin et de la pauvreté, ce dernier se trouve contraint de faire profil bas et de s'engager dans un travail sans avenir. En effet, l'emploi précaire ne permet ni ascension ni évolution. Contrat à durée déterminée, intérim ou stages, les conditions laissent à désirer et mettent le salarié sous l'épée de Damoclès : travailler ou retomber dans le chômage. Une pression qui le pousse à porter le fardeau et de la précarité et d'un pseudo-emploi qui use de lui comme bon lui semble. En ces temps de crise, le marché de l'emploi traverse partout une mauvaise passe. Les emplois informels se créent davantage et ce n'est ni le besoin ni le manque de ressources qui vont arrêter la progression de ce phénomène. C'est une sorte d'esclavage moderne qui nous fait faire un bond en arrière tout en rappelant que pauvreté et exploitation sont toujours à l'honneur. Les salaires battent de l'aile et restent souvent loin du Smig qui n'est lui-même pas suffisant si l'on tient compte du coût de la vie. Alors que le chômage ne chôme pas, le Maroc fait partie des pays qui ont fait de l'emploi précaire une pré-solution pour minimiser ses taux. Et cela lui réussit, ou presque. En effet, selon le Haut commissariat au plan, entre le premier trimestre de l'année 2008 et la même période de 2009, 40.000 emplois ont été créés, résultant d'une création de 76.000 postes en zones urbaines et d'une perte de 36.000 postes en zones rurales. Le taux de chômage s'est ainsi stabilisé à 9,6% à l'échelle nationale. Le marché informel de l'emploi y est pour quelque chose. La catégorie la plus concernée n'est autre que celle des femmes. Plus efficaces mais moins « difficiles », elles représentent une bonne partie de ceux qui ont choisi l'emploi précaire à l'inactivité. Les jeunes de 15-24 ans ne passent également pas inaperçus et s'engagent plus souvent dans ce domaine où l'incertitude reste le mot d'ordre. «J'ai une licence en économie et après trois années de chômage, j'ai accepté de m'occuper de la caisse d'une téléboutique avec un salaire de 800 dirhams par mois. Sans contrat et sans protection sociale, je travaille dans l'ambiguïté. Mon avenir n'est pas assuré mais le salaire de misère que je touche sert au moins à acheter une partie des médicaments de ma mère» témoigne Adil, jeune casablancais de 25 ans qui a dû se plier aux exigences du marché informel. Les métiers précaires se comptent justement par milliers et les mauvaises conditions de travail n'arrangent pas les choses. Sociétés d'entretien et de jardinage, usines ou encore groupes de sécurité abondent de salariés dont les droits sont oubliés. L'intérim, le débat continue On l'a attaqué de partout, on l'a critiqué et on l'a étroitement lié aux principales causes de l'emploi précaire Pourtant, l'intérim a permis de créer de nouveaux emplois, de réinsérer ceux que le chômage avait frappé de plein fouet et d'engager des jeunes pour des premières expériences professionnelles. Les CV s'enrichissent et les intérimaires en profitent pour accéder au marché du travail par la grande porte. «Le travail par intérim est une porte vers un emploi plus stable. C'est un élément incontournable pour les jeunes avides d'apprentissage et d'expérience. Au Maroc, l'intérim a permis de nourrir les besoins des entreprises en matière de ressources humaines et de minimiser le taux de chômage. C'est sans conteste un moyen d'insertion pour tous ces jeunes qui peinent à trouver du boulot», déclare Jamal Belahrach, manager général de Manpower Afrique du Nord, une multinationale d'intérim et vice-président de la commission «Emploi» à la CGEM. Pourtant, les avis diffèrent sur la question. Passager, le travail intérimaire est souvent envisagé comme une activité ne répondant pas aux bonnes normes et encourageant vivement l'emploi précaire. « L'intérim n'encourage pas l'emploi précaire. Clairement structuré, il soutient le marché de l'emploi, offre une aide non négligeable aux jeunes qui entament leurs parcours professionnels et ont du mal à se situer», défend Jamal Belahrach. Comme n'importe quel salarié, l'intérimaire a droit aux jours fériés, aux heures supplémentaires, aux congés spéciaux et à bien d'autres avantages encore. Si la durée du contrat varie, une période d'essai de quelques jours est souvent exigée. Au Maroc, où le chômage «se plait» depuis longtemps, l'intérim a sauvé moult personnes en quête d'emplois et d'expériences. Dépourvues de ressources, plusieurs familles ont pu bénéficier d'une source temporaire mais sûre de revenus pour subvenir à leurs besoins. Ce genre de contrat fait bien des heureux et permet aux chômeurs de s'essayer sur le marché de l'emploi et en quelque sorte de retrouver une certaine confiance. Vu l'évolution de ce genre de contrats temporaires, il serait souhaitable que les conditions de travail y afférent connaissent d'autres améliorations