Le patronat marocain en tournée africaine dans le cadre de la Caravane de l'export se frotte déjà les mains. Les opportunités d'affaires avec les pays de l'Afrique de l'Ouest ne manquent pas et celles de partenariats où tout le monde trouvera son compte, encore moins. C'est en constatant que les échanges entre le Maroc et les quatre pays d'Afrique de l'Ouest que traverse la caravane de l'export en ce moment se trouvaient dans des positions inégalitaires en termes de balance commerciale, «que la délégation marocaine de cette quatrième caravane préfère désormais se tourner vers la coopération et le partenariat, afin que les pays concernés avancent et se développent simultanément et réciproquement», a annoncé Saâd Benabdallah (DG Maroc Export), en préambule de la mission des 90 entreprises marocaines en Afrique. «Ce premier jour au Togo a été la meilleure journée pour moi depuis le début de la caravane», se réjouit Mohamed Zerouali Omari, responsable du service émetteurs de la direction du département de la Bourse de Casablanca. «Les Togolais sont en attente parce qu'ils éprouvent des difficultés dans certains domaines de la finance et sont très intéressés par des partenariats concernant l'épargne par exemple, ils nous sollicitent pour faire de la formation, des work-shops sur place, etc. Je pense qu'on a plein de choses à faire avec eux, d'ailleurs je vais à la Bourse du Togo maintenant, pour une prise de contact», sourit le financier avant de sauter dans un taxi. Dans un tout autre domaine, Mohamed Benider, gérant de l'Herbier de l'Atlas, producteur d'huile d'olive et herboriste, pense avoir intéressé un homologue béninois la veille, sur une possible coopération future. «En parlant de partenariat, un herboriste Béninois est venu me voir parce qu'il fait du conditionnement de plantes locales mais il lui manque une variété de plantes. Il veut également développer sa gamme de produits, mais il est limité dans l'organisation de sa production et au niveau marketing. Son affaire fonctionne déjà, alors nous allons négocier, ça va impliquer une expertise et de l'argent, on va apprendre à se faire confiance et peut-être que ça aboutira sur quelque chose…», espère-t-il. «La façon de vendre reste encore très basique en Afrique, il y a plein d'artifices de vente à mettre en place pour inciter le consommateur, au niveau marketing, points de vente, achalandage, tout ça reste à développer ici». Mais le véritable co-développement du Maroc et des pays d'Afrique de l'Ouest s'opère plus du côté des technologies informatiques. Philippe Cahez, DG d'IB Maroc (import export de produits informatiques et scientifiques) explique la stratégie et l'ambition de son entreprise en Afrique : «Nous voulons couvrir l'ensemble de l'Afrique francophone, pour devenir la première société panafricaine francophone. Et pour ça, on doit construire toute une infrastructure petit à petit, à l'instar de ce qu'ont fait les sociétés sud-africaines pour l'Afrique anglophone. Pour ce faire, nous adressons le marché de trois manières : soit en présence directe par le rachat de sociétés existantes ou en créant une nouvelle structure à partir de néant, comme en Algérie, en Libye, au Sénégal et en Côte d'Ivoire, ou alors, dès qu'on a un niveau de business suffisant, nous ouvrons un mini-centre technique pour assurer un minimum de services, comme au Mali et en Mauritanie, où nous avons des contrats avec les filières de Maroc Telecom. La troisième approche est la distribution de matériel informatique, notamment des PC. Dans les pays où nous ne sommes pas présents, nous trouvons des partenaires locaux qui ont déjà une expertise mais peut être pas suffisante, ce que nous pouvons combler. Toutes les sociétés que j'ai rencontrées sont demandeuses. Un des départements d'IB Maroc est donc dédié à la formation». Evidemment, personne ne peut savoir à l'avance si l'engagement portera ses fruits, «mais il faut persévérer, isoler une ou deux sociétés, trouver des points d'ancrage, commencer à dialoguer», insiste Philippe Cahez. Chez IB Maroc, les étudiants viennent à Casablanca ou Rabat «et s'ils sont suffisamment nombreux localement, on dépêche un formateur sur place, pendant une à trois semaines», témoigne encore le DG. Mais la formation est un apport à double tranchant ajoute-t-il : «plus vous formez les gens, plus ils prennent de la valeur sur le marché, plus ils ont la tentation de monnayer cette valeur ailleurs…». Ce qui est valable au Nord, comme au Sud du Sahara. «Dès lors, notre plus grand challenge et de faire monter en compétences nos collaborateurs nationaux et internationaux, tout en réussissant à les fidéliser», conclue-t-il. Mourad Mekouar, DG de M2t Traitements de Transactions ne saurait contredire son collègue de caravane. Son entreprise s'est investie directement au Sénégal, faute d'avoir trouvé une personne avec laquelle s'entendre. «Mais ça ne veut pas dire que c'est la meilleure des choses», répond-il, « ça s'est juste fait comme ça. Mais on ne travaille qu'avec des locaux qu'on a formé, surtout les cadres. On les forme pendant deux à trois ans et c'est bon pour tout le monde», assure-t-il. En revanche, dès qu'il s'agit d'un secteur sensible comme les transactions d'argent, «quel que soit le partenariat ou autre, il faut un cadre juridique et des accords inter-Etats. Si je viens ici, il faut que l'Etat togolais me garantisse un cadre juridique légal», entend Mekouar.