Le Ministre des affaires étrangères français, Alain Juppé est « en campagne » pour faire voter au Conseil de sécurité de L'ONU une résolution afin de condamner la répression en Syrie. Le Conseil de sécurité de l'Onu examine en ce moment un projet de résolution pour condamner les autorités syriennes qui n'en finissent plus de réprimer leur peuple. La résolution, proposée fin mai par Paris, Berlin, Londres et Lisbonne aura toutefois du mal à aboutir, la Chine et la Russie, qui disposent d'un droit de veto, ont fait clairement savoir qu'elles n'étaient pas favorables à l'idée d'un texte onusien qui ferait ingérence dans les affaires intérieures du gouvernement syrien. Mais pour Alain Juppé, «la situation est très claire. En Syrie, le processus des réformes est mort et nous pensons que Bachar (el-Assad) a perdu sa légitimité à la tête du pays ». Lors d'un discours prononcé à Washington devant un groupe de réflexion, le ministre français des Affaires étrangères a fait savoir qu'il était persuadé qu'au moins 11 des 15 pays du conseil de sécurité sont prêts a voter pour cette résolution. «Nous verrons ce que feront les Russes. S'ils mettent leur veto, ils prendront leurs responsabilités. Peut-être que s'ils voient qu'il y a 11 votes en faveur d'une résolution, ils changeront d'avis. Il y a donc un risque, et nous sommes prêts à le prendre». Le projet de résolution en question exige la fin immédiate des violences contre les manifestants en Syrie. Il réclame aussi la coopération des autorités syriennes avec une enquête de l'ONU sur des atteintes présumées aux droits de l'homme. Alain Juppé a souligné que la réaction initiale d'el-Assad, qui semblait proposer des réformes politiques à ce mouvement inspiré des révolutions arabes, avait incité les puissances occidentales à retenir leurs critiques. « Mais les derniers développements ont montré que le régime syrien n'allait pas changer sa façon de gouverner», a-t-il ajouté. «Nous verrons ce que feront les Russes. S'ils mettent leur veto, ils prendront leurs responsabilités» Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères Selon certains diplomates, pour obtenir une simple abstention de Pékin et Moscou, le projet devra être amendé. Mais déjà en mai dernier, une simple déclaration commune des européens au conseil de sécurité n'avait pas abouti, la Russie, la Chine et l'Inde s'y étant fermement opposé. Le but pour Juppé et ses homologues serait d'apparence le même qu'en février dernier concernant la Lybie : obtenir des abstentions de la Russie et de la Chine, voir aussi de l'Inde, pour que la résolution soit votée favorablement. Mais les enjeux étant clairement différents, l'issue de cette résolution parait incertaine. La répression des manifestations en faveur de la démocratie a fait plus de 1 000 morts chez les civils syriens à ce jour, selon les groupes de défense des droits de l'homme. Saïd Lahlou