Alors que des élections sont prévues mercredi prochain afin d'élire le président de la FIFA, l'institution régissant le football international traverse une grave crise. Dans la nuit de samedi à dimanche dernier, Mohamed Ben Hammam, le président de la Confédération asiatique qui se présentait face à Sepp Blatter, a annoncé le retrait de sa candidature à l'élection présidentielle de la FIFA. Il était pourtant le seul à s'opposer à l'actuel dirigeant qui règne sur l'organisation depuis 1998. Dans la foulée, la commission d'éthique de l'organisation a auditionné et blanchi Blatter de toutes implications dans des affaires de corruption et a décidé, en parallèle, de suspendre Mohammed Ben Hammam et Jack Warner, le vice-président de la FIFA pour une affaire de fraude présumée. Les deux hommes sont accusés d'avoir monnayé des votes de la Confédération des Caraïbes en faveur du premier, lors d'une réunion à Trinidad et Tobago, fief du second, début mai. Le comité éthique de la FIFA a confirmé dimanche étudier une allégation : Ben Hammam et Warner auraient offert 40 000 dollars (400 000 DH) de cadeaux à des Fédérations nationales, en échange de leurs votes. Depuis, le candidat retiré a décidé de faire appel de sa suspension et demandé à la commission de livrer «urgemment ses motivations pour le 31 mai, afin d'être capable de formuler son appel à temps pour révoquer sa suspension provisoire avant que ne commence le congrès électif du 1er juin à Zurich». Mais l'appel, dans son cas, ne sera pas suspensif, a précisé une source proche du dossier. La crise couve doucement et gangrène toute l'organisation et la langue du vice-président Warner se délie peu à peu. Il a dénoncé dimanche soir dans un communiqué, un «don» de Joseph Blatter de 1 million de dollars à la Confédération américaine, dont il est le président. «J'avais prédit un tsunami, vous n'avez encore rien vu», a-t-il relancé lundi, sur Sky Sports News, ulcéré de voir Blatter blanchi, dans un volet concernant la même affaire de fraude électorale présumée. Mais Blatter est toujours debout et se pose même en candidat du changement: «Il faut combattre les démons, il y a une mauvaise situation, mais il y aura un congrès électif mercredi et la famille du foot, si elle veut restaurer la crédibilité de la FIFA, pourra le faire avec moi», a avancé le Suisse. Au total, dix des 24 membres du comité exécutif ont été l'objet d'accusations de corruption depuis un an. Sur fond de soupçons dans l'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022, cette élection pour laquelle Blatter est le seul candidat, reflète l'opacité d'une association, dont le poids économique est plus que convoité. Merwann Abboud