Le Maroc a enregistré au cours de la période janvier-avril 2011 une hausse de sa facture pétrolière. Le risque de dépassement de l'objectif de déficit budgétaire fixé en début d'année est imminent. Selon les indicateurs préliminaires des échanges extérieurs publiés par l'Office des changes, à fin avril 2011, la facture pétrolière marocaine a augmenté de 1 318 MDH (ou +16,1%), à 9 511,5 millions de dirhams contre 8 193,5 millions de dirhams sur la même période, l'année précédente, tirée essentiellement par un rebond de +30,1% du prix moyen de la tonne importée à 6 090DH/T contre 4 680DH/T un an auparavant, alors que les volumes importés ont enregistré une baisse de 189 mt (ou -10,8% ) à 1 561,8 mt contre 1 750,8 mt. Cette lourde facture, c'est donc à la flambée des cours des matières premières sur les marchés internationaux qu'on la doit. En effet, le Maroc fait partie des pays importateurs de pétrole. De ce fait, et compte tenu du renchérissement des produits énergétiques survenu en ce premier trimestre, la facture d'importation pour cette période s'est alourdie. Cela se traduira certainement par une détérioration du solde budgétaire, selon l'ampleur des subventions. Si le cours des matières premières se maintient à son niveau actuel, les charges de compensation devraient largement dépasser les 17 milliards de dirhams budgétisés par la loi de finances. Notons que le Maroc a construit son budget sur l'hypothèse de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui avait prédit «des prix stables pour 2011, à 75 dollars le baril, sur la base d'une demande modérée». Dans ce contexte, le gouvernement marocain a décidé, le 14 février dernier, d'une rallonge de 15 milliards de plus que les 17 milliards qu'il avait budgétisés dans la loi de finances. Cet impact additionnel a été estimé sur la base d'un prix du baril à 120 dollars, et porte ainsi les crédits disponibles au titre de la compensation à 32 milliards de dirhams. Cette hausse des prix mondiaux de pétrole donc aura un impact important sur les finances publiques. Le FMI avait en effet lancé aux pays importateurs de pétrole, une mise en garde dans un communiqué publié en début de mois. «Les pays importateurs de pétrole vont traverser une année difficile sur le plan économique, car ils devront gérer des tensions politiques, sociales et économiques». «La détérioration des termes de l'échange provoquée par le renchérissement des produits alimentaires et énergétiques devrait alourdir leur facture d'importation. Cela se traduira par une poussée de l'inflation ou par une détérioration du solde budgétaire, selon l'ampleur des subventions», précisait le communiqué. Pour le cas du Maroc, l'augmentation des coûts énergétiques devrait exercer des pressions très fortes sur les soldes budgétaires. Notons qu'à fin mars 2011, la facture pétrolière marocaine a augmenté de 19% sur un an, à 6,5 milliards de dirhams, suite à une hausse du prix moyen de 28% à 5 851 dirhams/tonne, malgré la baisse du volume importé de 7%, selon une note de conjoncture internationale publiée par le ministère des finances. S.M.