Le G8 se réunit jeudi et vendredi à Deauville, en France. L'avenir des pays arabes en pleine transition démocratique constitue une des pierres angulaires de ces deux jours de débat. Le programme de ce G8 est chargé. Pendant deux jours, les huit grandes puissances industrialisées vont débattre au pas de charge sur nombre de sujets d'actualité : la sécurité nucléaire suite à l'accident de Fukushima, la succession du FMI avec la candidature de Christine Lagarde qui sera certainement encouragée, le processus de paix israélo-palestinien ou encore Internet, dans la lignée du e-G8 réuni à Paris cette semaine. Mais un des sujets clés de ce rendez-vous est le printemps arabe, que les pays du G8 entendent soutenir. Dans cette perspective, le président américain Barack Obama et le premier ministre britannique David Cameron ont appelé à « un vaste programme de soutien politique et économique » aux pays en transition démocratique. Les ONG profitent de ce grand rendez-vous pour faire entendre leurs voix. Ainsi, mercredi, l'ONG Oxfam organisait au pied de la Tour Eiffel une parodie du G8, représentant de façon caricaturale les chefs d'Etat en costume d'époque, en plein dîner opulent, accompagné d'une pancarte « 925 millions de personnes souffrent encore de la faim dans le monde ». De son côté, Amnesty International préconise de prendre des « mesures audacieuses » pour les pays arabes, tandis que Médecins sans Frontières rappelle aux membres du G8 leurs engagements non tenus pour diminuer la mortalité des enfants. Et l'ONG n'est pas la seule à pointer du doigt les promesses non tenues. Les chiffres réels des promesses de dons sont en général revus à la baisse et l'évaluation de leur efficacité reste lettre morte. Cela doit changer, estiment les ONG. Obama a d'ailleurs pris les devants la semaine dernière, en annonçant un plan de plusieurs milliards de dollars en faveur de ces pays. De son côté, le chef d'Etat français Nicolas Sarkozy a défendu l'idée d'évoluer vers un « partenariat de longue durée » entre les pays arabes et les grandes puissances. Ce G8 sera en ce sens « un moment fondateur », espère-t-il. La Tunisie et l'Egypte, dont les deux premiers ministres sont présents, sont tout particulièrement concernées. Le Caire a estimé ses besoins de 10 à 12 milliards de dollars jusqu'à mi-2012, tandis que Tunis les a chiffrés à 25 milliards de dollars sur cinq ans. La Banque mondiale pourrait débloquer quelques milliards de dollars pour les deux pays, sous réserve d'une poursuite des réformes. La question sur les lèvres de nombreux commentateurs à l'ouverture de ce sommet en Normandie est celle de sa pertinence. Puisque la majeure partie des dossiers économiques et politiques sont passés dans les mains du G20, plus représentatif de l'ordre mondial, à quoi sert aujourd'hui un sommet du G8 ? Comment évoquer les problématiques actuelles sans impliquer les pays émergents ? En effet, le G8 réunit depuis son lancement en 1975, le Canada, les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et la Russie, après la chute du mur de Berlin. Devenu lieu de la gouvernance mondiale par excellence aux côtés du FMI, le G20 quant à lui tient compte des modifications du paysage économique mondial, incluant notamment les pays émergents comme la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud, la Turquie ou encore le Brésil. Cette année, le thème affiché est « Nouveau monde, nouvelles idées ». Contrastant thème pour le rendez-vous d'un club historique restreint, qui s'apparente plutôt à celui la « vieille aristocratie ». La quête d'une nouvelle légitimité s'impose donc pour le G8.