Les leaders des grandes puissances se retrouvent depuis hier jeudi à Deauville, au nord-ouest de la France, pour un sommet du G8 consacré aux révolutions arabes, qu'ils veulent soutenir, à la sécurité nucléaire, qu'ils veulent renforcer, et à la succession au FMI, qu'ils veulent régler. Dans la petite station balnéaire de la côte Normande, connue pour ses palaces et casinos, les chefs d'Etat et de gouvernement du G8 (Etats-Unis, Russie, Allemagne, Royaume Uni, France, Italie, Canada, Japon) doivent avoir jeudi soir leur premier vrai débat sur le printemps arabe. Le président américain Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron ont appelé à «un vaste programme de soutien politique et économique» aux pays en transition démocratique, comme la Tunisie et l'Egypte. Le Français Nicolas Sarkozy, hôte de la réunion, veut en faire un «moment fondateur» d'une relation nouvelle entre les pays arabes et les grandes puissances. Pour l'instant, aucun chiffre n'a été avancé pour mesurer l'aide du G8, qui devrait passer par les grandes institutions financières internationales. L'Egypte et la Tunisie, dont les saisons touristiques s'annoncent désastreuses, ont chiffré leurs besoins: 10 à 12 milliards de dollars pour Le Caire jusqu'à la mi-2012, tandis que Tunis demande 25 milliards de dollars sur cinq ans. Les chefs de gouvernement de ces deux pays seront présents à Deauville et l'ONG Amnesty International a appelé le G8 à prendre des «mesures audacieuses» en faveur du printemps arabe. Mais les pays occidentaux du G8 veulent aussi accélérer la transition en Libye, où ils ont engagé une opération militaire le 19 mars, et en Syrie. Américains et Européens ont adopté des sanctions contre le régime de Damas, en particulier contre le président Bachar al-Assad, et un renforcement de celles-ci pourrait être discuté à Deauville, a indiqué une source européenne. Les leaders des grandes puissances se réunissent dans le format G8, c'est à dire sans les grandes puissances émergentes (Chine, Brésil, Inde, par exemple) qu'ils retrouveront en novembre à Cannes (sud-est) pour aller plus avant dans les questions de régulation économique et financière. Ils commenceront leur réunion de Deauville par un déjeuner de travail, consacré à l'économie globale et à la sécurité nucléaire. Ils écouteront en particulier le Premier ministre japonais Naoto Kan leur établir un état des lieux de la situation autour de la centrale accidentée de Fukushima. Le printemps arabe ne sera abordé que jeudi au dîner, et vendredi matin. Auparavant, le G8 se sera penché jeudi après-midi sur Internet, ses aspects économiques et politiques, après une rencontre à Paris des stars du secteur, comme le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg. Vendredi, les chefs d'Etat et de gouvernement auront une réunion de concertation avec plusieurs dirigeants africains. La France a en particulier invité trois présidents récemment élus lors de processus qu'elle juge démocratiques: l'Ivoirien Alassane Ouattara, le Guinéen Alpha Condé, et le Nigérien, Mahamadou Issoufou. Deux autres sujets sensibles seront également abordés dans les discussions au sein du G8, ainsi que dans les entretiens bilatéraux entre leaders: les moyens de relancer le processus de paix israélo-palestinien et la succession à la direction du FMI après le scandale Dominique Strauss-Kahn. Paris et ses partenaires européens espèrent un signal positif pour leur candidate, la ministre française des Finances Christine Lagarde.