Lancement mardi dernier à Rabat des forums de la capitale. La première d'une série de cinq rencontres mensuelles, s'est intéressée à la politique de la ville à mettre en œuvre pour répondre aux attentes et aspirations des jeunes. Ceux qui ne l'ont pas visitée depuis longtemps ne peuvent le nier. Marina, tramway, pont Hassan II, tunnel des Oudayas… Rabat s'est refait une beauté ! Seulement, si la forme est en constante amélioration, certains débats sur le fond tardent à être soulevés. Pour tenter de pallier à ces déficits, la municipalité de Rabat a lancé mardi dernier à partir de l'une de ses fiertés architecturales qu'est la bibliothèque nationale, les premiers forums de la capitale. Ces rendez-vous mensuels se réitèreront cinq fois et concerneront successivement « la réduction des disparités sociales et urbaines », « le patrimoine urbain et les défis de sa valorisation » et « la mobilité urbaine au sein de l'agglomération », pour se clore plus globalement sur « les perspectives de développement pour le Grand Rabat ». Il n'y a pas de piscines municipales à Rabat. Les jeunes se rabattent donc sur les clubs privés, des ministères par exemple. Mardi soir, en ouverture du bal des débats, la place a été accordée aux jeunes. En tout cas sur le papier. Car des jeunes, il n'y en n'avait presque pas, dans une salle pourtant comble. Bastion des mouvements populaires de ce début d'année et avenir de tout pays, ils ne peuvent pourtant qu'être au devant de la scène. Le maire de Rabat, Fathallah Oualalou défend le choix du thème du premier forum. « On ne peut pas avancer à deux vitesses, il est essentiel d'établir un rapprochement entre les différentes tranches de la population ». En particulier lorsqu'on observe la répartition de cette population, qui malgré son vieillissement, est encore très jeune. Ainsi, 50 % a moins de 30 ans et 35 % a entre 15 et 35 ans. Que demandent-ils ? Quelles sont leurs attentes et aspirations de la politique de la ville dans laquelle ils vivent ? Ce qui ressort des débats entrepris entre représentants du Conseil de la ville et citoyens (pas très jeunes), est que les jeunes ont besoin d'espaces sportifs et culturels. Pouvoir s'exprimer par son corps et son esprit, n'est-ce pas là la définition même d'une jeunesse épanouie ? Pourtant à Rabat plusieurs quartiers souffrent d'un manque d'infrastructures adéquates mises à la disposition de cette tranche d'âge. « Dans le quartier Hassan, il n'y a pas de maison de jeunes (Dar Chabab) », rappelle un représentant du ministère de la Jeunesse et des sports. Résultat, leur créativité juvénile les pousse à opter pour le système D. Ils s'improvisent ainsi des terrains de football en plein milieu de la rue, ou s'accrochent aux voitures lorsqu'ils sont en rollers ou en skate. Les quartiers populaires de Yacoub El Mansour et Youssoufia sont, à en juger les discussions, les plus à plaindre. Ils nécessitent de ce fait plus d'attention de la part du conseil de la ville. L'année prochaine, Rabat fêtera ses cent ans. Cette date anniversaire coïncide avec la tenue d'une série de rencontres. En juin prochain, la capitale politique accueillera pour la première fois le conseil d'administration de l'organisation mondiale des villes, auquel sont attendus près de 4 000 représentants des 250 plus grandes villes du monde. En 2013, elle recevra la conférence internationale des villes. Une autre carence a été identifiée au niveau des piscines municipales, inexistantes dans la capitale. Les jeunes se rabattent donc sur les clubs privés, des ministères par exemple, lorsqu'ils ont la chance d'avoir un de leur parent fonctionnaire. Et les autres ? Parmi les solutions identifiées au cours de ce premier forum, figurent l'importance d'associer les jeunes à la vie de leur quartier, la nécessité de multiplier les partenariats avec le secteur privé dans les centres de jeunes, et la place prépondérante à accorder aux associations de jeunes. Selma T.Bennani