Jafar Panahi est un homme actuellement contraint de ne pas quitter l'Iran. Le cinéaste interdit de cinéma depuis décembre 2010, a créé la surprise : «In Film Nist», son nouveau film, sera présenté en section spéciale au 64e Festival de Cannes. Face à la demande profonde de liberté d'expression, de pensée, de mouvement, d'action, liée au besoin de tout un chacun à la dignité, l'art semble être le dernier bastion contre l'intimidation, le musellement, la censure. Témoin, le réalisateur iranien Jafar Panahi. Interdit de cinéma, et condamné le 20 décembre 2010 à six ans de prison et 20 ans d'interdiction de travailler, pour avoir filmé des manifestants hostiles au régime voit son nouveau film, In Film Nist, en français Ceci n'est pas un film, sera présenté le vendredi 20 mai en séance spéciale. Dans le même temps, l'opus d'un autre jeune réalisateur iranien, Mohammad Rasoulof, qui s'est aussi vu infliger six ans de prison, sera, lui, sélectionné dans la section Un Certain Regard. Bé Omid é Didar, Au revoir sera présenté le 13 mai. Jafar Panahi toujours assigné à résidence dans la capitale iranienne, ne pourra pas présenter physiquement son film. Mais outre l'emballement de la république islamique qui a condamné l'un de ses plus emblématiques réalisateurs, Panahi, est de surcroît la figure de la nouvelle école du cinéma iranien, quel incroyable signe de résistance pour le cinéaste de savoir que In Film Nist, ira à la rencontre du public de la Croisette ! Le propos ne pouvait être plus réel et à fleur de vérité puisqu'il est un journal de bord, qui évoque depuis ces derniers mois, le réalisateur actuellement en attente du verdict de la Cour d'appel. Souvenons-nous du cas Panahi, qui filme de façon plus offensive, et plus brute que Abbas Kiarostami, dont il fut l'assistant réalisateur. Si le cinéma kiarostamien s'inscrit dans la métaphore, la lenteur, les poèmes persans du XIIe siècle, comme Shirin pour lequel Kiarostami avait réuni dans une salle obscures 108 femmes, 108 Iraniennes, voilées comme l'indique la république islamique, contrairement au règlement iranien qui impose des espaces réservées aux hommes et aux femmes dans les lieux publics, le cinéaste a placé des hommes en arrière-plan dans la pénombre ; Panahi n'hésite pas à aborder le goût et la passion des Iraniennes pour le ballon rond, dans Offside, Hors jeu en 2006. Ce film récompensé par l'Ours d'argent à Berlin, évoque comment les Iraniennes tentent de braver les interdits pour assister clandestinement aux matches de football. Jafar Panahi est l'un des cinéastes iraniens les plus primés dans les grands festivals cinématographiques, alors que ses films sont interdits en Iran. De plus, Jafar Panahi est un artiste de renommée internationale, il est l'un des cinéastes iraniens les plus primés dans les grands festivals cinématographiques alors que ses films sont interdits en Iran. Il avait déjà créé la surprise avec son premier long-métrage, Le Ballon blanc, qui avait été récompensé par la caméra d'or à Cannes en 1995, en 2003, de retour sur la Croisette avec Sang et Or, il obtenait le prix du jury de la sélection Un certain Regard. Comme l'an dernier au jury, un siège vide symbolisera l'absence de Jafar Panahi pendant toute la durée du festival où se tiennent les projection de la Quinzaine des Réalisateurs. On se souvient également du caricaturiste iranien Karimzadeh, 34 ans, menacé de mort et emprisonné dans les années quatre-vingt dix. Son crime : avoir dessiné un footballeur ressemblant à l'ayatollah Khomeyni. Il n'avait pu se rendre à Rome les 10 et 11 décembre 2008 aux côtés de ses homologues pour une étape de la Fondation Cartooning for Peace, qui fêtait les soixante ans de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Il était pourtant l'auteur du dessin de l'affiche de cet événement qui laissait apparaître un homme vêtu de vert, les mains attachées derrière le dos avec, pour toile de fond, le monument romain du Colisée, symbole de lutte contre la peine de mort. Aujourd'hui, In Film Nist, est un symbole fort de résistance et de courage pour les artistes de la planète. Bravo M. Panahi !