Le HCP vient de rendre publique son enquête permanente de conjoncture auprès des ménages. Seul constat, la prudence reste de mise. Au terme des trois premiers mois de l'année en cours, la perception des ménages marocains de l'évolution de leur environnement socio-économique dénote d'un optimisme prudent. C'est du moins ce qui ressort des résultats de l'enquête permanente de conjoncture auprès des ménages, fraîchement publiée par le HCP, sur l'évolution de l'Indice de confiance des ménages (ICM) et de leur perception de l'évolution passée et future de leur situation personnelle et de l'environnement socio-économique global (niveau de vie, emploi, prix…). L'ICM, qui constitue un indicateur résumé d'opinions des ménages, s'est situé à 78,4 points à fin mars 2011 au lieu de 80,1 points une année auparavant, soit une baisse de 1,7 point. Cette attitude réservée des ménages renseigne amplement sur la particularité du contexte actuel : l'avènement du Printemps arabe. Certes, la thèse de l'exception du Maroc continue de prouver, du moins jusqu' à maintenant, la solidité de ses fondements. Mais nul n'est en mesure de prévoir ce que réservent les prochains mois. D'autant que l'effet psychologique d'un éventuel déferlement des ondes de choc n'est pas à écarter. N'empêche que le vent des réformes envisagées, qui souffle sur le Maroc ces temps-ci, apporte avec lui une bonne dose d'optimisme, touchant notamment la problématique de l'emploi et de l'amélioration du niveau de vie d'une partie des couches sociales. L'analyse de l'étude laisse ainsi croire que l'opinion des ménages marocains sur l'évolution future du nombre de chômeurs, s'est relativement améliorée. Autrement dit, ils sont «moins pessimistes» pour reprendre les termes de l'équipe de Lahlimi. Le solde (différence entre les pourcentages des réponses « amélioration » et ceux des réponses «détérioration») relatif à cet indicateur s'est établi à -59,2 contre -52,4, soit une amélioration de 6,8 points par rapport au premier trimestre de 2010. S'agissant des évolutions passée et future du niveau de vie en général, un des sept indicateurs à la base de calcul de l'ICM (voir encadré), leurs soldes ont affiché respectivement une augmentation de 11,2 points et de 9,5 points, entre le quatriéme trimestre de 2010 et le premier trimestre de l'année en cours. En revanche, ces deux soldes se sont inscrits en baisse en comparaison annuelle, respectivement de 0,3 point et de 2,3 points. Pour ce qui est de l'opportunité d'achat de biens durables, les personnes sondées maintenaient toujours leur comportement réticent. Malgré les effets de la crise économique mondiale doublés de ceux du Printemps arabe, les prix à titre de l'immobilier, par exemple, n'ont affiché aucune tendance à la hausse. À ce titre, faut-il le souligner, la bulle spéculative y est pour beaucoup. Le solde relatif à cet indicateur a enregistré une perte de 5,1 points sur un an. Idem pour les évolutions passée et future de la situation financière des ménages. Ces derniers se sont en effet montrés très prudents quant à leur futur proche. Le solde laisse dégager une baisse notable de 7,6 points pour son évolution future comparativement au premier trimestre de 2010. Même constat pour les deux indicateurs relatifs à la hausse des prix des produits alimentaires et à la capacité à épargner des ménages, qui ont cette fois donné une «opinion pessimiste». «Les ménages ont le sentiment que les prix des produits alimentaires ont augmenté et qu'ils augmenteraient davantage au cours des 12 prochains mois (…) ils restent globalement pessimistes quant à leur capacité d'épargner dans les mois à venir».