La transition démographique que vit le Maroc aurait, en ligne avec les profondes mutations socio-économiques, un impact sur les tendances d'évolution de l'offre de travail. Le Centre marocain de conjoncture (CMC), dans un numéro spécial «Marché du travail au Maroc, persistance des disparités», souligne que le rythme de croissance de la population active a enregistré et enregistrera, une inflexion à la baisse dans les années à venir. Cette «baisse de la participation au marché du travail», à en croire les projections de la population à l'horizon 2030 réalisées par le HCP, s'élèverait à 2% entre 2004 et 2010 et se réduirait encore de 0,7% entre 2025 et 2030. La population active nationale devrait, quant à elle, enregistrer des taux d'accroissement moyens annuels de 0,7% et 0,6%, pour se situer respectivement à 11,9 millions en 2015 et 12,3 millions en 2020, contre 11,3 millions en 2009. Bien qu'elles soient sujettes à plusieurs controverses, ces projections de l'offre de travail sont à attribuer, selon les conjoncturistes, aux phénomènes démographiques, à la scolarisation, à la retraite, ainsi qu' «au découragement des actifs, dont la participation au marché du travail est tributaire de la conjoncture et des difficultés rencontrées pour accéder à l'emploi», explique le document du CMC. Baisse annuel de la population La nouvelle configuration démographique laisse dégager un net repli du taux d'accroissement annuel de la population, passant de 3% dans les années 1970 à 1,3% depuis les années 1990. Cette tendance à la baisse se répercutera largement sur le taux de fécondité qui s'inscrivait, lui aussi, sur la même trajectoire descendante. De 5,5 enfants par femme dans les années 1980, ce nombre est tombé à 3,3 enfants en 1994, puis à 2,5 en 2004. De ce fait, entre 2004 et 2030, la taille moyenne des ménages tomberait de 5,2 à 3,6 enfants par foyer.Les personnes âgées de 60 ans et plus verront leur part dans la population totale grimper à 15,4% en 2030, alors qu'ils n'étaient que 8,1% en 2004, soit un effectif de 5,8 millions de seniors à l'horizon 2004, contre 2,4 millions il y a sept ans. Augmentation de la population urbaine A part la croissance démographique, la composition de la population par milieu de résidence apporte, elle aussi, son lot de contributions à cette transition, en phase «avancée». Depuis le début du siècle, la population urbaine a vu son rythme de croissance s'accélérer pour atteindre 51,4% en 1994 et 55,1% en 2004. Selon le bulletin thématique du CMC, le processus d'urbanisation s'est multiplié par plus de quatre en l'espace de dix ans (1994-2004), en comparaison avec le rythme annuel moyen d'évolution de la population rurale. Les projections du CMC laissent croire à une progression de la population active urbaine, qui devrait s'établir à 6,6 millions en 2020 et 5,6 millions pour la population rurale. Tout cela pour dire que les perspectives d'évolution de l'offre additionnelle de travail, bien que très faible, atténuerait dans certaines mesures la pression sur le marché de l'emploi, en termes de volume et de structure. «Elle devrait présenter une opportunité d'accélération de la croissance économique et de la baisse de la pauvreté, par le biais de la diminution du taux de dépendance».