Selon le centre marocain de Conjoncture (CMC), le rythme de croissance moyenne est estimé à 4,2 % en 2004. Une croissance dont l'impact reste paradoxalement faible en matière d'emploi. A en croire les analystes du CMC, le Maroc est entré dans un cycle économique vertueux. Pour preuve, le rythme de croissance moyenne est estimé à 4,2 % pour cette année. Cette relance succède à une année 2003, marquée au niveau macro-économique par la bonne santé affichée à plusieurs niveaux : aisance des trésoreries, politique monétaire prudente, réforme de la gestion des dépenses, une campagne agricole positive et une évolution substantielle du système bancaire. D'où la bonne performance du Produit Intérieur Brut (PIB) qui a atteint la barre de 5,2 % contre 3,2 % en 2002. Cependant, cette relance de croissance souffre de deux insuffisances majeures. En premier lieu, les fortes fluctuations que connaît le sentier de croissance sous l'effet de variation du climat. Même si des efforts importants sont déployés pour affranchir l'activité économique de l'aléa climatique, l'incidence de ce facteur reste encore déterminante comme en témoigne la forte variabilité de la croissance d'une année à l'autre. La seconde insuffisance réside dans le faible impact de la croissance, voire sa stérilité en matière d'emploi. Globalement, le marché du travail a connu un renforcement de la population active évaluée à 523.000 personnes entre 2002 et 2003. Mais il a également connu un chômage au taux moyen annuel de 8% qui s'est traduit par un excédent moyen en effectif absolu de 96.000 demandes insatisfaites. Cette augmentation de chômeurs serait particulièrement importante dans le milieu urbain, avec plus de 108.000 chômeurs. Il semble, constate l'étude, que le chômage augmente plus vite que la population active. Ce décalage peut s'expliquer par un certain nombre de constats classiques : démographie galopante, prépondérance des jeunes dans la structure par âge de la population, exode rural à forte dominance de personnes valides…Autant de facteurs qui expliquent l'explosion de l'offre du travail, mais, qui ne peuvent pas être les seuls. Les difficultés économiques du pays, allant de la persistance des déséquilibres macro-économiques à celle de faiblesse du tissu productif national, traduisent l'incapacité du marché du travail à absorber l'offre excédentaire de travail même sous sa forme de capital humain valorisé des nouveaux diplômes. L'amélioration du volume d'emploi reste insuffisante pour briser la tendance à la divergence entre l'offre et la demande d'emploi. Comment s'explique cette situation ? Pour le CMC, l'inélasticité de l'emploi par rapport à la croissance tient en premier lieu aux faibles capacités de génération de nouveaux emplois du secteur primaire et à l'irrégularité des résultats. Et elle tient en second lieu aux performances modestes des secteurs secondaire et tertiaire dont le rythme de croissance s'est rarement écarté du taux moyen de 3 % depuis de longues années, alors qu'ensemble, ces secteurs recèlent un fort potentiel de génération d'emplois. Assurer une plus grande régularité au processus de croissance et créer une dynamique favorable à l'emploi impliquent la nécessité de restructurer l'économie nationale, relèvent les économistes du CMC. Les secteurs de l'industrie, des travaux publics, de l'habitat, des transports et télécommunications, ainsi que d'autres services constituent autant d'activités génératrices de croissance et d'emplois.