La variable démographique marquera par sa dynamique le potentiel de développement durable du Maroc, a affirmé, lundi à Rabat, le Haut Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami. L'évolution démographique du Maroc le place au coeur d'une transformation profonde de la structure et du comportement de sa population et s'accompagne de mutations culturelles et socio-économiques dont l'impact effectif et potentiel sera déterminant pour l'avenir du Royaume, a souligné M. Lahlimi à l'ouverture de la journée sur "Le Maroc à l'heure de la transition démographique et des mutations sociales" organisée en commémoration de la Journée mondiale de la population. Avec une population estimée, aujourd'hui, à plus de 30 millions d'habitants et un taux d'accroissement annuel de 1,5%, le Maroc est, en effet, bien engagé dans l'ère de la transition démographique, en rupture avec le système démographique traditionnel, caractérisé par des niveaux élevés de mortalité et de natalité, a ajouté M. Lahlimi. Depuis les années 1950, la baisse de la mortalité annonçait cette transition et ouvrait la voie à un gain significatif en termes d'espérance de vie et à une baisse de plus de deux tiers de la mortalité infantile et de plus de la moitié de la mortalité maternelle, a-t-il poursuivi, ajoutant qu'à partir de la décennie 1970, intervenait une baisse de la fécondité sous l'effet de la conjonction de plusieurs facteurs (progrès de la scolarisation, large accès des femmes à l'emploi, usage croissant des moyens contraceptifs...). M. Lahlimi a affirmé que "la transition démocratique est, en effet, en passe de constituer la dimension fondamentale des tendances lourdes qui marqueront le Maroc de demain, précisant que la dynamique démographique posera des problématiques en termes notamment de croissance économique, de valorisation des ressources humaines et de protection sociale d'une population connaissant de plus en plus le phénomène du vieillissement". Les projections démographiques indiquent que la population en âge d'activité (15-59 ans) continuera à s'accroître jusqu'en 2020, a-t-il noté, rappelant que celle-ci, qui représentait 48,4% en 1960, est passée à 62 % en 2003 et atteindra son point culminant soit 65% entre 2010 et 2020. Son impact sur le marché du travail sera donc important et ira en grandissant dans les 15 prochaines années, particulièrement dans les zones urbaines, où le chômage est aujourd'hui de 19,3% et tourne autour de 12% au niveau national. Par ailleurs, a-t-il dit, si dans le cadre de cette transition, la baisse du taux d'accroissement démographique se traduit par une diminution du poids relatif de la population âgée de moins de 15 ans, qui est passée de 44,4% en 1960 à 30% en 2003, et serait de 23,6% en 2020, dans l'absolu, son effectif s'est maintenu à des niveaux élevés, soit 9,5 millions en 1994 et 9,2 en 2003. Si le Maroc est ainsi, appelé à intensifier ses efforts pour faire face aux besoins croissants de sa population active et de sa jeunesse, il devra, au même moment, gérer le vieillissement de sa population également une composante remarquable de la transition démographique qu'il connaît. Alors qu'elle s'est maintenue à 7% de 1960 à 2004, la population âgée de 60 ans et plus atteindrait 20% en 2040, soit le même niveau prévalant actuellement dans certains pays développés comme la France, a indiqué M. Lahlimi, soulignant qu'une telle évolution pose, en des termes urgents, la problématique du financement des retraites et de la protection sociale d'une partie vulnérable de la population. "Il s'agit d'une problématique qui revêt par sa nature une dimension sociétale qui nous engage à anticiper les conséquences du vieillissement démographique et à mettre à niveau notre législation pour lui apporter des réponses à la mesure de la vision qui a présidé à la réforme du code la famille", a-t-il dit. M. Lahlimi a, par ailleurs, souligné l'excellent partenariat que son département entretient dans ce domaine avec les institutions spécialisées du système des Nations unies, notamment avec le FNUAP et qui s'est illustré par des actions communes en matière de recherche et de renforcement des capacités productives d'informations démographiques tant au niveau national que, de plus en plus, au niveau régional.