Le calme semblait revenir sur Khouribga, mercredi matin et les cafés étaient ouverts. Pourtant, la veille, la ville a été marquée par une intervention brutale des forces de l'ordre contre des demandeurs d'emploi, à 5 heures du matin. «Le recours à la manière forte a fait des blessés, certains grièvement. On parle même de morts mais cette information reste à confirmer» souligne un membre de l'AMDH. Du côté de Assal Hajjaj, de la section Khouribga de l'ONG, même son de cloche : «Nous ne sommes pas en mesure de confirmer les décès annoncés, les recherches que nous avons entrepris ne nous le permettent pas ». Quant au sort des blessés, c'est le grand mystère. « Selon les jeunes qui observaient un sit-in ouvert devant la direction de l'Office chérifien des phosphates (OCP) à Khouribga, les blessés se comptaient par dizaines. Sauf qu'encore une fois, nous sommes incapables de déterminer leur nombre avec précision car ils ne sont pas admis à l'hôpital provincial. Nous avons mené des recherches dans ce sens, en vain. Des médecins et des infirmiers nous ont assurés qu'ils n'avaient vu aucun blessé entrer au centre hospitalier », témoigne Assal Hajjaji. Spéculations « Certaines informations, avance notre interlocuteur, estiment que les blessés seraient admis à l'hôpital militaire de la ville. Une structure qui se trouve à l'intérieur d'une caserne situéè à trois kilomètres de Khouribga ». Soit encore un point qui vient s'ajouter aux nombreuses zones d'ombre entourant cette intervention des forces de l'ordre contre près de 800 personnes le 15 mars dernier. Ces manifestants observaient, depuis 25 jours, un sit-in ouvert devant le siège de la direction de l'OCP. Des jeunes originaires de la ville, dont la majorité sont des enfants de retraités de l'OCP, réclamaient un emploi. Les raisons de la brutale dispersion de ce sit-in alimentent les spéculations. « D'aucuns estiment que les autorités ont eu recours à la manière forte à cause d'une éventuelle visite, ce week-end, d'une personnalité importante au club équestre de la ville. Une personne qui serait très proche du siège de la Direction régionale de l'OCP », avance Assal Hajjaji. Notre interlocuteur récuse certaines informations imputant la responsabilité des débordements de mardi aux disciples de Abdeslam Yassine ou aux camarades d'Annahj Addimocrati. «Les jeunes ont décliné notre offre de les soutenir. Ils n'ont pas voulu politiser leurs revendications d'emploi. Dès le commencement du sit-in, ils portaient des photos du roi Mohammed VI », conclut-il. Pris pour cible, l'OCP accuse L'OCP regrette que de tels incidents aient pu avoir lieu, ajoute la même source, précisant que «les motivations réelles des fauteurs de troubles sont injustifiables. Ces actes de violence et de vandalisme n'empêcheront pas l'OCP de poursuivre sa mission et de renforcer son implication dans la région» a-t-il ajouté. Le siège de l'Office à Khouribga, son club social et son centre de formation ont été pris pour cible par les fauteurs de trouble qui ont saccagé des locaux, des ordinateurs et des outils de travail. Le communiqué souligne que les investissements réalisés par l'OCP, durant ces cinq dernières années, ont «permis le recrutement de 6.000 personnes, soit l'équivalent de près du tiers de son effectif et que les projets d'investissement prévus pour les deux prochaines années doivent créer plus de 2.000 emplois directs et 7.000 emplois indirects. La même source précise que l'administration de l'OCP a d'ores et déjà commencé à recevoir les dossiers de candidature d'embauche au titre de 2011-2012, notamment à Khouribga et Youssoufia.