L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) vient de tirer, de nouveau, la sonnette d'alarme sur les tensions enregistrées à fin février sur les marchés alimentaires mondiaux. Un malheur n'arrive jamais seul. L'effet contagieux des marchés pétroliers ne cesse d'affecter à la hausse les prix alimentaires mondiaux. Et Dieu seul sait jusqu'où ira cet affolement des surenchères spéculatives. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui a déjà tiré la sonnette d'alarme au mois de janvier dernier sur le seuil historique qu'avaient franchi les cours des produis alimentaires depuis 1990, revient à la charge pour prévenir contre les tensions, plus accentuées et enregistrées à fin février sur les marchés céréaliers. En effet, l'indice FAO des prix alimentaires s'est élevé, pour le 8e mois consécutif, à une moyenne de 236 points en février 2011, soit une hausse de 2,2% par rapport au mois de janvier. David Hallam, directeur de la division du commerce et des marchés à la FAO, affirme que «des hausses inattendues des cours du pétrole pourraient exacerber davantage la situation déjà précaire des marchés alimentaires(…) Cela accroît encore plus l'incertitude quant aux perspectives des prix alimentaires et ce, au moment où la saison des semis dans certaines des principales régions de culture est sur le point de commencer». Dans ce contexte, les fondamentaux du marché optent vers un resserrement de l'offre et de la demande mondiales. Et ce sont les céréales qui inquiètent le plus, d'autant que leur indice FAO, s'est établi en février à 254 points, soit une augmentation de 3,7% (son plus haut niveau depuis juillet 2008). Côté demande, cette denrée de base à sensibilité politique, du fait qu'elle sert aussi d'arme dans le jeu de la dépendance alimentaire, a vu ses commandes d'achat émanant des pays en développement et principalement, ceux de l'Afrique du Nord, se multiplier durant la période de référence en ligne avec les soulèvements populaires et les tensions sociopolitiques qui gagnent chaque jour du terrain dans la région du monde arabe. Chute brutale Par ailleurs, les prévisions concernant l'utilisation de céréales mondiales (industrielles notamment) en 2010-11 ont été révisées à la hausse de 18 millions de tonnes depuis décembre dernier, selon la FAO. Côté offre, les conditions climatiques restent largement déterminantes. La FAO s'attend à ce que les cultures d'hiver dans l'hémisphère Nord soient favorables. Pour l'année en cours, la FAO prévoit une hausse de 3 % de la production de blé mondiale. Mais est-ce suffisant pour résorber le déficit ? En attendant, l'organisation internationale relance les craintes sérieuses sur la situation critique des stocks céréaliers : «On s'attend à une chute brutale des stocks céréaliers mondiaux du fait de la diminution des quantités de blé et de céréales secondaires», note-t-on. De l'avis de l'analyste de la Société Générale, Emmanuel Jayet, «C'est la céréale pour laquelle les stocks sont déjà très bas, et où il est question que les stocks se réduisent davantage, à des niveaux historiquement bas», avertit-il. Rappelons que la FAO a révisé à la hausse ses anticipations en décembre dernier pour la production céréalière mondiale en 2010, qui a gagné 8 millions de tonnes de plus.