Contre toute attente, une réunion tenue à Rabat le 1er mars entre les diplômés chômeurs, le gouvernement et les autorités locales a abouti à la création de 4 304 postes. Le chiffre 4 304 marque désormais un tournant dans le dossier des diplômés sans emploi, puisqu'il correspond au nombre de postes qui leur ont été réservés. La nouvelle a été annoncée le 1er mars, suite à la rencontre au siège de la wilaya de Rabat, entre la Coordination des diplômés chômeurs et des représentants du gouvernement et des autorités locales. La réunion a été toutefois marquée par la présence des Istiqlaliens, le parti de Abbas El Fassi. C'est Chiba Maâ El Ainin qui a été dépêché par la direction de l'Istiqlal pour assister à cette réunion. Pour un tel événement, le comité exécutif ne pouvait pas rater l'occasion de poser pour la photo finale. Depuis 2007, date de l'avènement de El Fassi à la Primature, Chiba Maâ El Ainin a à son actif plusieurs rounds de négociations avec les docteurs demandeurs d'emploi. Cette « générosité » gouvernementale n'a pas seulement profité à ceux qui ont, presque chaque jour, battu le pavé des rues de la capitale, mais également aux diplômés sans emploi des autres villes du pays, notamment celles «des régions à risque» comme Guelmim, le Sahara ou Sidi Ifni. « C'est l'intégration totale », déclare euphorique Salah El Meghbbar, membre de la coordination des diplômés chômeurs. Et pour cause, le chiffre de 4 304 postes dépasse de très loin toutes les aspirations des concernés. C'est plus que les précédentes opérations en 2007, 2008 et 2009. Il y a trois semaines dans le JT de Al Oula, le ministre de la Modernisation des secteurs publics, Saâd Alami, a laissé entrevoir cette perspective. Le 25 février, dans ses déclarations à la presse, le même responsable revient à la charge en laissant entendre que le dossier des diplômés sans emploi s'acheminait vers une solution : « Le gouvernement se penche actuellement sur la préparation d'un décret permettant aux administrations publiques et aux collectivités locales de recruter sans concours et directement les titulaires d'un diplôme supérieur », déclarait-il dans des propos cités par la MAP. Conjoncture oblige Parmi les raisons qui auraient accéléré le dénouement de ce dossier, Salah El Meghebbar de la Coordination reconnaît que l'impact de la conjoncture actuelle y est pour quelque chose, sans oublier de souligner que « le parti de l'Istiqlal a honoré ses engagements envers les membres de la Coordination.» Avant la réunion du 1er mars à Rabat, les plus optimistes d'entre nous tablaient sur 1 300 ou 1 400 postes », explique-t-il. Le gouvernement, sans l'effet conjoncture, comptait réserver uniquement 10 % à cette catégorie de jeunes et les estimations d'avant la révolution du jasmin en Tunisie, la démission de Moubarak en Egypte et surtout les marches du 20 février, oscillaient entre seulement 1 200 et 1 800 postes d'emploi. El Meghabbar affirme, par ailleurs, qu'«une réunion est prévue la semaine prochaine avec Mohamed Bekkari, conseiller du Premier ministre, au sujet des départements ministériels qui devront accueillir les diplômés ». Le même Bekkari a promis que ce dossier allait être clos, une fois pour toutes, vers la fin de ce mois. u La Lettre de Abbas El Fassi En décembre dernier, le premier ministre adresse une lettre à quatre départements ministériels : la Santé, la Justice, l'Intérieur, à l'Education nationale et à la Haute délégation des prisons. Dans sa missive, Abbas El Fassi demandait aux chefs de ces départements de réserver des postes d'emplois aux diplômés sans emplois. La même lettre a été brandie par les officiels, lors de la rencontre du 19 janvier qui a réuni la commission chargée du suivi de ce dossier et les représentants de la Coordination, dans le but de calmer les esprits.