L'USFP est à la Une de l'actualité. Grâce à la manœuvre de son possible retrait du gouvernement, il a ravi la vedette aux spéculations sur un éventuel remaniement ministériel. Dimanche, au siège central de l'USFP à Rabat, le Bureau politique a pu convaincre le Conseil national (CN)de reporter la décision de se retirer du gouvernement de Abbas El Fassi à la tenue du prochain CN du 19 mars. « Une fuite en avant » comme la qualifie un membre du CN, alors que d'autres estiment que le BP a réussi à mettre en sourdine la principale revendication du Parlement du parti, fusse-t-il pour trois semaines ! Et pourtant, au début de cette session extraordinaire du Conseil national, les choses s'annonçaient réellement âpres pour la direction du parti. Sans aucun ordre du jour, le retrait du gouvernement s'est imposé, à force de slogans, comme étant le seul sujet de débat entre les Usfpistes. Contrainte de s'accommoder avec cette demande décidée en urgence, la direction a dû, dans une première phase, lâcher du lest pour ne pas perdre totalement le contrôle de la situation. Vers 20 h 30, le Bureau politique a tenu une réunion à huis clos afin de rédiger un communiqué pour essayer d'être en phase avec la revendication du Parlement du parti. Après une bonne trentaine de minutes de palabres, le Bureau politique a accouché d'un communiqué diamétralement opposé à la principale revendication des membres du Conseil national : le retrait du gouvernement. Comme il fallait s'y attendre, le texte a été catégoriquement rejeté par le conseil national. Les slogans ne cessèrent pourtant de fuser, réclamant le retrait de l'USFP du gouvernement. La deuxième est la bonne Pour ne pas perdre la face, le Bureau politique s'est à nouveau réuni, pour présenter un communiqué acceptable par une majorité du CN déchaînée. La seconde fois fut la bonne. Tard dans la soirée, le BP miroite aux membres du Conseil national l'option du retour aux bancs de l'opposition si aucune réforme constitutionnelle n'est entreprise dans un proche avenir. Jouant la montre, le Bureau politique s'est dit prêt à mener des négociations avec les partis de la Koutla (Istiqlal et PPS) et ceux de la majorité (RNI et MP) pour la concrétisation de cet objectif. La manœuvre a réussi. La pilule concoctée par Radi et les siens a finalement été avalée par un CN essoufflé après des heures de slogans scandés réclamant notamment le retrait de l'USFP du gouvernement et de Fouad Ali El Himma de la scène politique. Une demande parfaitement en phase avec celle exprimée, il y a deux semaines à Salé, par le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane. La réunion du Parlement de l'USFP du 19 mars est plus que cruciale. Le Bureau politique sera tenu de présenter aux membres du CN les conclusions de ses consultations avec les partis de la Koutla et de la majorité. Il s'avère que le BP a retardé de trois semaines l'échéance du retrait du gouvernement. Réussira-t-il la même «prouesse» le 19 mars ? Le précédent de 2007 Au lendemain des piètres résultats enregistrés par l'USFP lors des législatives du 7 septembre 2007, des voix se sont élevées au sein du parti de la Rose pour réclamer un retour aux bancs de l'opposition. La question était au centre des débats des instances des Usfpéistes. Pour trancher, Mohamed Elyazghi, alors premier secrétaire du parti, a été contraint de convoquer la réunion du Conseil national. La session plus que houleuse a dépassé le temps prévu des 24 heures pour se prolonger de 48 heures. Finalement, Elyazghi a pu arracher du CN, une délégation de pouvoirs pour négocier avec Abbas El Fassi la participation de l'USFP à son gouvernement.