La Galerie 38 expose à partir du 10 février une collection de 42 peintures de Radia Bent Lhoucine, la mère du célèbre artiste peintre Labied Miloud. Faute de faire partie de la Fondation du peintre, la collection est aujourd'hui la propriété d'une galerie privée. Une première, la collection des œuvres de Radia Bent Lhoucine qui vient d'être rachetée par la galerie 38 va être présentée au publis à partir du 10 février. Mohamed Chaoui El Faiz le co-propriétaire de cet espace situé au 38 route d'Azemmour à Aïn Diab, Casablanca a pris contact avec les neveux et héritiers de Miloud, le fils de Radia, décédé en 2008 et qui gardait jalousement ce trésor. Ce dernier voulait préserver le patrimoine pictural de sa mère. A son décès, ses neveux ont hérité de toutes les œuvres de son atelier, les siennes et ceux de sa mère. La collection représente un total de 42 pièces. Selon un critique d'art de la place ayant souhaité garder l'anonymat, cette exposition, qui se poursuit jusqu'au 10 mars, est inédite dans le sens où ce sont des œuvres majeures de Radia Bent El Houcine, elle qui a arrêté de peindre dès la fin des années 70. « Elle a exposé bien avant la défunte Chabïa Tallal», explique Chaoui El Faiz. Le travail de Radia a très rarement été montré. «En 1995, la Société Générale avait organisé une exposition de de cette artiste intitulée «Regards immortels» et avait même été accompagnée d'un ouvrage», témoigne Chaoui El Faiz. Son travail avait été exposé pour la première fois à la galerie Charpentier à Paris en 1963. C'était à l'occasion d'une exposition sur les 2000 ans d'art au Maroc. Si les spécialistes d'art contemporain connaissent le travail de Radia Bent Lhoucine, il reste tout de même inaccessible pour la majorité. «Le grand public ne connaît pas l'œuvre de cette artiste, tout le monde connaît Chaïbia, Fatema Hassan, mais Radia Bent Lhoucine, très peu ont eu l'occasion de découvrir son travail», souligne un critique d'art. Aujourd'hui la Galerie 38 est détentrice de la collection des œuvres de Radia Bent Lhoucine. Cette exposition sera l'occasion de découvrir l'univers onirique de Radia Bent Lhoucine, trait d'union entre art rupestre et conte populaire : une œuvre qui relate la poésie sauvage d'une nature à l'état brut, où personnages et animaux imaginaires évoluent en teintes ultra colorées. Presque 100 ans après sa naissance, critiques d'art et autres amateurs resituent Radia Bent Lhoucine, née en 1912, dans la mouvance populaire et spontanée de la peinture marocaine, ouvrant la voie à d'autres artistes femmes qui, elles aussi, ont transfiguré l'inconscient collectif marocain. Poésie sauvage A la fin de cette exposition quelle sera la destinée de cette collection ? Lorsqu'ils ont eu vent de cette exposition, plusieurs maisons de vente aux enchères ont été tentées par cette collection. Les responsables de la Galerie 38 ont d'ailleurs été contactés par des acheteurs potentiels. Mais les propriétaires de la galerie n'ont pas l'intention de la vendre. «Je précise que cette exposition n'est pas destinée à la vente, pour l'instant ce qui nous intéresse c'est de faire connaître ce patrimoine à un grand nombre et nous sommes très heureux de posséder cette collection», souligne Chaoui El Faiz. Certains observateurs du milieu artistique se demandent pour quelle raison cette collection n'est pas exposée à la Fondation Miloud ? D'autres répondent tout simplement : «Parce qu'elle n'existe plus». L'artiste peintre Fouad Bellamine ami très proche du défunt Miloud Labied regrette cet état de fait. «C'est malheureux de le dire, mais la Fondation a été enterrée, ce qui est resté des œuvres de Miloud et de sa mère ont atterri chez les héritiers».