Fait original. Un ministre espagnol conseille au Polisario d'examiner le projet marocain d'autonomie au Sahara. Les séparatistes ont, bien entendu, refusé la proposition. « Le Polisario est dans l'obligation d'expliquer, une fois pour toutes à son propre peuple, pourquoi il refuse l'option de l'autonomie », proposé en 2006 par le Maroc, les propos émanent de Ramon Jauregui, le ministre espagnol à la Présidence. Des déclarations qui ne sont pas du goût de la direction du mouvement séparatiste. Mercredi, Bouchray Beyoun, son représentant en Espagne s'est empressé d'appeler le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero de cesser de faire de la «publicité» au plan marocain d'autonomie au Sahara. Bien entendu, le polisarien a rejeté la proposition du ministre espagnol, brandissant la solution de l'autodétermination. Sauf que l'autonomie est totalement compatible avec l'autodétermination, c'est d'ailleurs une forme de son exercice. Dans des déclarations à l'agence Europa Press, le représentant du Polisario en Espagne, estime que les termes de Ramon Jauregui «montrent, encore une fois, que l'Espagne poursuit son soutien au Maroc», alors qu'elle est censée «appuyer la légalité internationale». Pour mémoire, c'est cette même légalité internationale qui avait qualifié le projet marocain d'autonomie de «crédible» et «réaliste» alors qu'elle n'avait fait que «prendre acte» de la contre-proposition du Polisario. C'était en 2007 au Conseil de sécurité. Un tabou brisé Les propos de Ramon Jauregui ont le mérite d'être annoncés, dans un entretien accordé à la publication «Vanity Fair», à la veille de la reprise des pourparlers sur le Sahara qui débute le 21 janvier à Manhasset aux Etats-Unis. De quoi donner plus d'arguments à la délégation marocaine lors de ces réunions informelles. Les propos de ce membre de l'exécutif de Zapatero brise ainsi un tabou en Espagne. Il est en effet rarissime qu'un responsable de cette stature tente de la sorte de secouer la chape de plomb tant les pressions du large et puissant réseau de soutien au Polisario sont si fortes (lire aussi page 4). Ne tarissant pas d'arguments sur sa proposition, Jauregui est convaincu qu'elle aura au moins le mérite de mettre un terme à la souffrance de la population des camps de Tindouf «au lieu de passer 30 années dans des campements de fortune » sur le territoire algérien. Mais il semble que cette vision n'est pas partagée par la direction du Polisario. Ramon Jauregui a également émis le vœu que le rôle de l'Espagne « soit fondamental pour trouver une issue au problème » du Sahara. Le sporadique et le régulier