Les cours mondiaux sur les marchés de Paris et Chicago prennent 13 et 22% sur le seul mois de décembre. Cette forte hausse, jamais enregistrée depuis la crise en 2007, risque de fragiliser davantage l'équilibre de la caisse de compensation. La production nationale se situe à 7,5 millions de tonnes, ce qui amènera le Maroc à importer quelque 2 à 3 millions de tonnes supplémentaires. bouchaib el yafi Les cours mondiaux du blé s'embrasent à nouveau. Sur le seul mois de décembre, les prix du blé sur les deux marchés de référence, Paris et Chicago, ont pris dans l'ordre quelque 13,5% à 252,25 Euros/tonne et 22,11% à 798 cts/boisseau*. Par ricochet, la Caisse de compensation doit à nouveau affronter cette forte augmentation des prix, surtout que le Maroc s'apprête cette année encore, à importer quelque 2 à 3 millions de tonnes de blé pour combler le déficit de la production nationale. Pour permettre un approvisionnement correct du marché local, le gouvernement a encore une fois prorogé la période de suspension du droit d'importation applicable au blé tendre, une mesure prise initialement pour la période allant du 16 septembre au 31 décembre 2010. Le droit d'importation sur le blé est de 135%. Cette quotité a été instituée pour assurer une protection à la production nationale et garantir un prix rémunérateur à l'agriculteur. Selon l'Office National interprofessionnel des céréales et des légumineuses ('ONICL), «Le prix de vente moyen du quintal de blé tendre observé au niveau national, entre le 1er et le 15 décembre, est de 257 DH, avec un minimum de 240 DH et un maximum de 358 DH». L'Office souligne que «la consommation moyenne des céréales au Maroc, en kg par an et par habitant, est de près de 200 kg, sachant que la moyenne mondiale se situe à environ 152 kg/an/habitant. Le blé tendre représente, à lui seul, 70% de la consommation des céréales en milieu urbain et 66% en milieu rural ». L'actuelle flambée des cours de blé à l'international risque de fragiliser davantage l'équilibre, déjà dans le rouge, de la caisse de compensation. En effet, la Caisse avait déboursé en juillet plus de 90% des 14,2 milliards de DH injectés par le gouvernement pour subvenir au déficit de 6 milliards de DH enregistré auparavant. La situation actuelle est plus grave que les précédentes, surtout que la hausse enregistrée depuis juillet est à son pic. La hausse cumulée des prix sur les deux marchés de référence depuis juillet, ressort à 82,79% sur Paris et 63,27% à Chicago. D'où l'inquiétude des observateurs qui s'attendent à une crise, puisque la Caisse de compensation ne peut contenir l'impact de ces augmentations estimées à quelque 30 milliards de dirhams, soit environ 5% du PIB national. La Loi de Finances 2011 prévoit de ne maintenir les subventions qu'à hauteur de 3% du PIB national. Ce qui ne fera qu'exacerber les tensions. La tendance ne risque pas de s'inverser pour autant en 2011. Selon les dernières prévisions du Conseil international des céréales, la production mondiale devrait être en net retrait, mais encore élevée en 2009-2010. Ce recul, malgré des conditions climatiques encore bonnes, est dû en partie à la réduction des surfaces dans les pays industrialisés à cause de prix moins favorables. La situation s'était compliquée suite aux incendies et à la sécheresse qui ont frappé cet été la Russie, amenant celle-ci à interdire l'exportation du blé pour assurer l'approvisionnement de son marché local, d'où un renchérissement des prix de cette denrée. Selon des estimations, le Maroc a besoin d'importer jusqu'à 3 millions de tonnes de blé tendre dans le sillage d'une production 2009-2010 en régression, à cause principalement d'un important taux de pluviométrie, qui a détruit des dizaines de milliers d'hectares. La production, même si satisfaisante, a été moins bonne que prévue. Pour la campagne 2009-2010, la récolte céréalière atteindrait quelque 7,5 millions de tonnes, en baisse de 27% par rapport à la récolte record de 2008/2009 et en augmentation de 22% par rapport à la moyenne des 5 dernières années. Pour 2008-2009, la production a avoisiné les 102 millions de quintaux, soit une hausse de 99% par rapport à la production de la campagne précédente et 77% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. «Au terme de la première quinzaine du mois de décembre 2010, la collecte cumulée des céréales a porté sur presque 16,8 millions de quintaux, constitués presque exclusivement de blé tendre. Ce volume est en augmentation de 8% par rapport à la moyenne quinquennale et en diminution de 30% par rapport à la récolte 2009», selon les derniers chiffres publiés par l'ONICL. *Un boisseau US de blé vaut 0,02721 tonne.