Au Centre hospitalier Ibn Sina, des examens biologiques de pointe viennent d'être introduits. L'une des priorités sera le dosage de l'alcoolémie. En attendant l'entrée en vigueur de l'alcootest, l'implication de la santé publique n'est pas encore déterminée. Lorsque nous recevions un patient comateux sans aucun signe apparent, nous devions procéder à un prélèvement pour l'envoyer au centre antipoison afin de nous assurer le lendemain qu'il s'agit d'une perte de conscience due à l'alcool. Ces cas sont fréquents surtout les week-ends, alors que le centre antipoison est fermé ». Un constat que dresse le directeur du Centre hospitalier Ibn Sina (CHIS), le professeur Al Mountacer Chefchaouni, pour légitimer ce choix décisif : la mise en place d'examens biologiques de pointe au laboratoire central. Il s'agit d'une plateforme d'analyses permettant de connaître le dosage de l'alcoolémie dans le sang, d'améliorer la détection des opiacés et d'offrir aux médecins des marqueurs biologiques spécifiques facilitant le diagnostic précoce de certaines maladies cardiaques, rénales, et métaboliques. L'ensemble de ces nouveaux examens biologiques s'inscrit dans l'urgence. «Ces analyses répondent à un besoin médical. En plus du dosage de l'alcoolémie, elles permettront au centre de désintoxication Arrazi de s'assurer du sevrage des patients qu'il suit. Tout au long de son existence, depuis douze ans, ce centre s'est contenté d'interroger ses patients pour vérifier leur sevrage. Il n'y avait pas d'autre moyen», souligne le Pr. Chefchaouni. Cela fait trois ans que ce projet d'importance est inscrit au programme du CHIS. A quelques semaines de l'application de l'alcootest, pièce maîtresse du nouveau code de la route, ces analyses auront certainement un rôle déterminant à jouer. «En cas d'accident de circulation, bon nombre de conducteurs démontrent une alcoolémie et parfois même une consommation croisée alliant l'alcool à d'autres produits», indique ce responsable. Et d'ajouter que jusqu'à ce jour, le CHIS (comme les professionnels de la santé publique) n'est toujours pas éclairé sur son implication concrète ni sur la technique d'évaluation de l'alcoolémie à suivre. «En général, il y a deux types : l'éthylotest qui détermine si la personne a pris de l'alcool ou non. L'autre, l'éthylomètre, permet de mesurer le taux d'alcool dans le sang. C'est celle-ci que nous adopterons, mais l'on se pose encore un tas de questions autour de son application», reconnaît le directeur du CHIS. Silence autour de l'exécution d'un test qui, bien avant son entrée en vigueur, a nourri la polémique dans les rangs de ceux qui le qualifient de «blasphématoire» vis-à-vis de l'islam, lequel interdit catégoriquement la consommation d'alcool. Ne nous voilons pas la face, l'alcool reste l'une des causes les plus fréquentes des accidents de circulation au Maroc : entre 3 et 11% lui seraient directement liés. «L'effet de l'alcool est très variable d'une personne à l'autre selon sa corpulence, sa résistance et autres », insiste le Pr. Chefchaouni. Ce qui pose un sérieux problème quant aux critères permettant de fixer un «taux légal» d'alcoolémie. D'après une source au Comité national de prévention des accidents de la route, les séances de travail entre le ministère de l'Equipement et du transport et celui de la Santé s'accélèrent pour résoudre la question en identifiant également les différents médicaments dont la composition comprend de l'alcool ou en contient des traces. Le travail s'annonce des plus difficiles et le décret d'application ne peut voir le jour avant que cette tâche ne soit accomplie. Il faudra donc attendre des semaines voire des mois. Pour le moment, le Maroc dispose de 250 éthylotests dont chaque unité peut être utilisée 300 fois, soit 75.000 tests en tout pour le lancement. Durant le contrôle, l'agent de police ou de la gendarmerie utilisera, en premier, l'éthylotest pour savoir si le conducteur a dépassé la dose limite. En cas de contrôle positif, c'est l'éthylomètre qui servira à l'agent pour déterminer le taux exact d'alcool dans le sang. L'alcootest sera obligatoire et aucun conducteur appelé à s'y soumettre n'aura le droit de refuser, car cette réaction est considérée comme un «refus d'obtempérer», et le véhicule pourra même être confisqué. Rappelons aussi que la conduite en état d'ébriété est une infraction qualifiée de délit. Elle est passible d'une peine d'emprisonnement de 6 mois à un an et/ou d'une amende de 5.000 à 10.000 DH, à laquelle s'ajoute la suspension du permis de conduire pour une durée allant de 6 mois à un an. Alcoolémie Et dans les autres pays ? Dans les pays respectant la Déclaration universelle des droits de l'homme, les interdictions ne peuvent avoir pour motivation que l'intérêt commun. De fait, ce n'est pas la consommation de l'alcool en soi qui est répressible, mais les effets néfastes qu'elle entraîne. En général, cela s'applique à trois situations : Enfant mineur : l'alcool ayant un effet néfaste sur le développement de l'enfant, il est en général interdit de servir de l'alcool aux mineurs dans les débits de boissons. En France, elle est illégale pour les moins de 18 ans (loi Bachelot de 2009). Trouble à l'ordre public : l'ivresse publique et manifeste (ou ivresse sur la voie publique) est en général réprimée ; Conduite sous l'emprise de l'alcool, car susceptible de causer des accidents. Les deux premiers points sont en général soumis à un contrôle des faits ou du comportement ; il n'y a donc pas de limite en termes d'alcoolémie proprement dite. Le dernier point ayant des conséquences pouvant être mortelles, les législations déterminent en général une limite légale au-delà de laquelle la conduite est interdite. Le Code de la route définit donc une concentration limite à partir de laquelle un automobiliste n'est plus autorisé à utiliser son véhicule. En France, le taux légal est de 0,5 g d'alcool par litre de sang (ou 0,25 mg par litre d'air expiré), ce qui correspond approximativement à deux verres standard de vin. Ainsi, l'alcoolémie, à titre tout à fait indicatif, chez un homme ayant une masse de 80 kg, sera de 58 cl pour une bière ou un cidre à 6°, de 28 cl pour un vin à 12,5° et de 8 cl pour un alcool à 43°. Au Canada, l'alcoolémie légale est de 80 milligrammes d'alcool pour 100 millilitres de sang ou 0,08 % (m/v), ce qui correspond à 0,8 g d'alcool par litre de sang. En Suède, elle est de 0,2 g par litre de sang et au Royaume-Uni de 0,8 g/l. Dans certains pays comme la Hongrie ou la République tchèque, le taux légal est tout simplement de 0 g par litre de sang. Cependant, il est apparu que certaines personnes, sans consommer d'alcool, possèdent naturellement une très légère alcoolémie, ce qui conduit à remettre en question le taux légal de 0 g dans les pays l'ayant adopté. (Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Alcoolemie)