Désormais, le CHU (Centre Hospitalier Universitaire) ne sera plus que CH (Centre Hospitalier). C'est ce qui ressort du dernier conseil d'administration de l'hôpital Ibn Rochd de Casablanca, tenu le 29 décembre 2005 sous la présidence du secrétaire général du ministère de la Santé, Fouad Hamadi. Le directeur du Centre hospitalier Ibn Rochd, Mohamed El Andaloussi, a qualifié l'année 2005 d'année phare dans la mesure où tous les indicateurs étaient positifs, tout en insistant cependant sur la nécessité de revoir à la hausse la subvention de l'Etat afin de permettre au Centre de mener à bien ses missions. En 2005, le budget de fonctionnement a été de l'ordre de 253.874.130 DH. Ce montant a couvert aussi bien les dépenses du personnel (127.700.000 de DH) que les dépenses du matériel (148,59 millions), les charges inhérentes aux produits sanguins s'élèvent à 9.500.000 millions de DH, les examens biologiques ont coûté au CHU Ibn Rochd 1.500.000 DH, l'alimentation des malades et du personnel 14.000.000 de DH. L'apport de l'Etat prévu à 166.569.130 DH pour 2006 a été revu à la baisse puisqu'il n'est plus que de 147.000.000 DH, ce qui démontre un désengagement de l'Etat pour tout ce qui a trait à la santé des citoyens. Dans le même ordre d'idées, la subvention d'investissement accordée au titre de l'année 2006 est de l'ordre de 20.000.000 DH. Cette enveloppe est insuffisante puisque le schéma directeur informatique représente 10.445.000 DH, soit 52%, le matériel médico-technique 15.655.600 DH, soit 78 % et le remboursement des emprunts 8.000.000 DH, sans oublier que le crédit d'engagement prévu pour le service d'oncologie (5.000.000 DH) est non compris dans la subvention. Autant dire que c'est un cadeau empoisonné. Au-delà des chiffres A noter que les budgets des centres hospitaliers sont constitués des recettes propres générées par les soins et l'utilisation des équipements et moyens au sein du centre, mais aussi des subventions d'équilibre allouées par l'Etat. De son côté, "le budget d'investissement du CHU Ibn Rochd a quadruplé pour la première fois depuis son autonomie. Ceci est dû au contrat-plan 2003-2004, conclu entre l'Etat et le centre (20 millions de DH accordés par le ministère des Finances) associés à une dotation du ministère de la Santé estimée à 10 millions de DH", précise El Andaloussi. Le volume du financement du contrat plan pour l'année 2006 est de l'ordre de 65.600.000 de DH, pour 2007, il sera de l'ordre de 51.700.000 DH et en 2008, il sera de l'ordre de 25.000.000 DH. A noter que le contrat-plan, signé entre le centre et les ministères des Finances et de la Santé en novembre 2002, couvre la période 2003-2004-2005-2006-2007 et 2008. C'est une feuille de route pour le CHU qui s'engage à réaliser des objectifs bien précis. Il s'agit d'initier ces ensembles hospitaliers aux principes de management moderne. La recherche de la satisfaction des usagers est la priorité du contrat-plan. Cette satisfaction est déclinée à travers la mise en place d'un SIM (système d'information médicale) qui repose sur un système de documentation clinique et administrative. Le contrat-plan vise aussi à doter le centre d'une logistique de communication interne et externe. Deux appels d'offres ont été lancés, à cet effet, en juillet et en septembre 2003, mais ont été jugés infructueux. “ La direction du centre a privilégié l'option d'un marché négocié qui sera conclu incessamment ”, déclare El Andaloussi. L'hygiène hospitalière était aussi un souci majeur pour les parties prenantes au contrat-plan. Ainsi, il a été convenu d'externaliser ce service à la fin de l'année en cours. Le CHU veut aussi rationaliser sa gestion, à commencer par le recouvrement des créances. La seule CNOPS est redevable de 24 millions de DH au centre hospitalier. Le CH Ibn Rochd de Casablanca comptabilise 737 consultations, 116.210 consultations urgentes, 8.008 accouchements, 210.940 examens radiologiques, 1.225.074 examens de laboratoire et 15.573 soins dentaires. Il a aussi une capacité litière de 1644 lits, 65.308 admissions, 405.997 journées d'hospitalisations; c'est-à-dire un taux d'occupation de 67,66 % avec une durée moyenne de séjour de 6,22. C'est aussi 33.208 interventions chirurgicales… Au-delà des chiffres et des activités, le CH Ibn Rochd est aussi et avant tout des hommes et des femmes, des professionnels de la santé (médecins -infirmiers-administratifs...) qui oeuvrent en fonction des moyens dont ils disposent pour maintenir une dimension humaine qu'aucune technologie ne saurait remplacer. Cependant, il convient de reconnaître que le CHU Ibn Rochd de Casablanca est une référence nationale en matière de soins et de santé, un pôle d'excellence de par ses compétences et les missions qui sont les siennes et mérite intérêt et reconnaissance de la part des départements de tutelle, pour mieux asseoir ses légitimes ambitions : soins de qualité, technologie de pointe, personnel qualifié et motivé et structures adaptées pour une meilleure prise en charge des patients. De même, le CH Ibn Rochd devrait faire bénéficier les autres hôpitaux de Casablanca de son savoir et de son expertise en mettant à la disposition des populations le savoir et la dextérité des professeurs en médecine du centre hospitalier Ibn Rochd. Comme on le constate, les projets sont ambitieux, mais les moyens demeurent très limités.