Comment est née l'idée de votre galerie? C'est une idée que j'avais depuis longtemps à l'esprit, étant passionné par l'art et ayant eu la chance de grandir depuis toujours dans un environnement artistique. Plus concrètement, c'est la visite d'un local à l'abandon qui a été déclencheur à un moment de ma vie où j'avais du temps et à nouveau l'envie d'entreprendre. De façon plus profonde, ce projet est le fruit d'un cheminement personnel : je n'ai rien trouvé de mieux pour me « désobéir », ce défi est à la hauteur de mon insatisfaction, cela me plait énormément car la part d'imprévisible est immense….. Que vous inspire la scène artistique contemporaine? Et précisément marocaine? La scène artistique contemporaine m'inspire le meilleur comme le pire. D'une part, il est aujourd'hui possible pour les artistes de mener à bien des projet incroyables avec des moyens limités, de se faire connaître grâce à Internet notamment. D'autre part, l'importance de la communication et de la notion de marché faussent parfois la donne. Et inversement. Il y a tellement d'artistes merveilleux, de projets sublimes. Le reste m'importe peu. Je connais la scène marocaine depuis peu mais j'ai cependant un sentiment sur la conjoncture, les notions d'évolution, de transition et de libération artistique qui s'y côtoient. D'où vient votre goût pour l'art? Mon goût pour l'art est de toute évidence le reflet de ma vision de la vie ou de la survie, cela dépend des jours. C'est devenu pour moi avec le temps l'essence de la vie, son sens. L'art au sens large, à travers le «beau», l'émotion provoquée est en fin de compte les sentiments qui restent, qui comptent, qui m'animent et me maintiennent en vie. Cette émotion peut être tout aussi puissante et profonde devant une toile de maître que devant un dessin fait en quelques traits par un artiste inconnu, aussi sublime face à une scène de vie ou dans un rapport humain simple et pur. Vous êtes un coagulateur entre différents jeunes talents. Comment les mettez-vous en relation, on pense notamment à l'exposition collective du designer Younes Duret, Les Chamooo, associée à des artistes marocains? Il s'agit précisément du sens de mon projet, qui tient au discours, à la passion et au choix des personnes à qui je m'adresse. Je suis animé par une ligne directrice, aussi bien artistiquement qu'humainement. Mes artistes sont fantastiques, très différents mais tous habités d'une sensibilité et d'une profondeur qui me remplit. Les placer dans les conditions optimales, est l'essence de mon travail : faire exceller leurs talents en aboutissement. Ils ont de plus le bon goût de bien s'entendre. Quant à l'exposition des Chamooos, l'exercice libre sur un objet de décoration créé par Younes était une première, les artistes y ont adhéré. Le résultat est intéressant et j'ai envie de proposer d'autres idées de ce genre. Quels artistes vous ont marqué? Il y a en a tellement et tant dont je ne soupçonne même pas l'existence mais je ne vous dirais encore rien, je compte bien les exposer ultérieurement. Parlez-nous de vous : votre parcours, vos autres vies avant le Maroc… Diplômé de commerce international, j'ai travaillé dans la mode puis dans les affaires pendant 15 ans, j'ai gagné de l'argent mais je m'ennuyais profondément. Je suis venu au Maroc il y a 20 ans, j'ai commencé à partager ma vie entre Paris et Marrakech il y a 13 ans. J'y ai trouvé les valeurs humaines et culturelles qui manquaient au Parisien que je suis. Quelle ambitions portez-vous pour la galerie David Bloch ? J'en ai des vertiges, je ne me fixe aucune limite : des expositions toujours plus belles, des projets toujours plus ambitieux, continuer à rencontrer, mélanger et susciter l'émotion.