Le fondateur du site communautaire Facebook, Mark Zuckerberg, a été élu « homme de l'année » par le magazine américain Time. Retour sur ce classement qui n'a pas manqué de susciter l'étonnement. Pour avoir mis en contact plus d'un demi-milliard de personnes et tissé leurs relations, pour avoir créé un nouveau système d'échange d'informations, et pour avoir changé la manière dont nous vivons, Mark Elliot Zuckerberg est élu l'homme de l'année 2010 du Time, peut-on lire dans le magazine américain de ce vendredi. Ce choix a suscité l'étonnement, puisque la direction du Time a tranché en dépit du vote des lecteurs. En effet, sur le site Internet du Time, Julian Assange, figure emblématique de WikiLeaks, a reçu plus de 382.000 votes alors que Zuckerberg n'en a obtenu que 18.000. Aujourd'hui en pleine affaire judiciaire, le père de WikiLeaks, devenu célèbre suite à la publication de milliers de documents confidentiels, n'a été classé que 3e par la rédaction, derrière le mouvement conservateur américain du « Tea Party ». Le président afghan Hamid Karzaï et les mineurs chiliens rescapés de la mine de San José figuraient également parmi les finalistes. Richard Stengel, directeur de la rédaction du Time, a justifié ce choix par l'importance planétaire prise par Facebook. Après six ans d'existence, le réseau social en ligne compte près de 600 millions de membres, soit près d'un humain sur 10. Comme le fait remarquer le magazine, si Facebook était un pays, il sera le troisième plus peuplé au monde, derrière la Chine et l'Inde. Une ampleur qui justifiait, aux yeux de la rédaction, la consécration de ce jeune génie d'à peine 26 ans. Le magazine tient à expliciter le titre de «personnalité de l'année» en indiquant qu'il ne s'agit pas d'un compliment. Le fondateur du Time, Henry Luce, avait coutume de dire que la personne choisie était, «pour le meilleur ou pour le pire», celle qui avait le plus influé sur l'actualité. Concernant Zuckerberg, Richard Stengel souligne en ce sens que Facebook est « une nouvelle plateforme qui est à la fois indispensable et qui fait un peu peur ». Au-delà de son succès indéniable et de son génie technologique qui surpasse distances et frontières, Facebook pose de nombreuses questions concernant la protection des données individuelles et des libertés. Par cette interface, les utilisateurs communiquent un grand nombre de données dont la valeur marchande fait saliver plus d'un. Zuckerberg a vite et bien compris la mine d'or, et il est aujourd'hui la 35e plus grande fortune de la planète, avec 7 milliards de dollars. Malgré l'étonnement suscité par l'annonce du classement, les « hommes de l'année » Julian Assange et Mark Zuckerberg ont un point commun, emblématique des changements du XXIe siècle. Génies du monde informatique, tous deux ont compris les potentialités d'Internet, ainsi que la puissance et la valeur des informations autrefois protégées. Autrefois hors de la sphère publique, les documents confidentiels de la diplomatie américaine ou les données personnelles des citoyens du XXIe siècle sont, avec WikiLeaks et Facebook, désormais entrés sur la toile. Un changement de taille, aux enjeux politiques et économiques colossaux.