Le collectif pour la promotion des droits des personnes en situation de handicap a présenté, mercredi soir à Rabat, une étude sur l'impact de l'exclusion de cette catégorie sur le PIB. Constat alarmant. La première enquête menée sur le coût de l'exclusion ou de la non-inclusion des personnes handicapées provoque l'effet d'une secousse. Et pour cause, elle révèle que le Maroc paie un lourd tribut de 9,2 milliards de dirhams, soit 2% du produit intérieur brut (PIB). Le collectif pour la promotion des droits des personnes en situation de handicap, à l'origine de cette étude, a présenté, mercredi soir à Rabat, ces résultats des plus impressionnants. Ayant été confié au bureau d'études LJConsulting, ce travail se veut scientifique et objectif. « Je trouve que le chiffre auquel a abouti l'étude est minime par rapport au taux des personnes handicapées au Maroc estimé à 5,12%, soit une population de 1,6 million de personnes», confie au Soir échos Mohammed El Khadiri, président de ce Collectif. Inspirée de plusieurs enquêtes nationales sur l'emploi, le niveau de vie des ménages et le handicap, celle du Collectif a surtout voulu ramener les projecteurs vers une population oubliée. «L'exclusion commence dès le jeune âge chez les personnes handicapées. Lorsqu'elles souffrent d'un handicap moteur, elles n'ont aucune accessibilité pour accéder à l'éducation. Pour les non-voyants et les sourds, il n'y a pas de cursus scolaires mais des structures très limitées. Quant au handicap mental, il est le plus marginalisé», s'indigne Mohamed El Khadiri. A l'exclusion de l'éducation, succède une chaîne d'obstacles empêchant la personne handicapée de profiter d'une formation professionnelle ni d'un programme social. «Le Maroc n'a rien pour cette société. Il ne propose ni rééducation ni aide technique, même les appareils de mobilité ne sont pas exonérés des frais de dédouanement. La pauvreté tire les handicapés vers le bas malgré eux !», lance le président du Collectif. Le Collectif, réunissant 280 associations opérant dans le secteur à travers tout le Maroc, cherche ainsi à changer un état des choses qui n'a que trop duré. «Notre demande est claire : adopter un cadre juridique adéquat. Le projet de loi n° 62-09 relatif aux droits des personnes handicapées tarde à suivre le processus normal de toute loi. Il est au secrétariat général du gouvernement depuis 5 ou 6 mois. Nous avons peur qu'il reste au frigo», déclare ce responsable. Et d'insister sur la nécessité pour le Maroc d'assurer un «standard minime» pour que les droits des personnes handicapées soient appliqués et respectés comme le veut la convention internationale. «Le gouvernement ne veut engager aucun sou dans ce dossier. Son principal obstacle reste l'impact économique d'une telle loi, car elle prévoit la création d'un fonds et l'exonération des appareils destinés aux handicapés», souligne Mohamed El Khadiri. Le Collectif n'en restera pas là. Il lance, à travers cette enquête financée par l'UE et l'USAID, un plaidoyer grâce auquel il souhaite mieux sensibiliser le gouvernement, les ONG et le Parlement. Le chemin est encore long.