C'est la première fois que les Etats-Unis et la Chine, les deux plus gros pollueurs de la planète, entrent dans un processus de lutte contre le réchauffement climatique. À l'issue de 12 jours de négociations, près de 200 pays rassemblés au Mexique pour la 16e Conférence des Parties ont adopté, samedi, l'Accord de Cancun. Il prévoit la création d'un Fonds vert pour aider les pays en développement à faire face au réchauffement climatique. Pour certains experts en environnement, il s'agit d'une avancée encourageante, mais le plus dur reste à faire. L 'accord de Copenhague avait été négocié par une vingtaine de chefs d'Etat derrière des portes closes, laissant un goût amer aux délégués des quelque 190 membres de la convention de l'Onu sur le climat (CCNUCC). Atmosphère radicalement opposée à Cancun où la présidence mexicaine a insisté, de bout en bout, sur une absolue transparence. Scène inédite dans une grand-messe climat : de la Chine au Lesotho en passant par les Etats-Unis, le Brésil ou les Maldives, tous les pays, à l'exception notable de la Bolivie, ont pris la parole pour lancer le même message : l'accord de Cancun est limité et imparfait, mais il doit permettre d'aller de l'avant. Face à l'envolée annoncée du thermomètre mondial, qui pourrait grimper jusqu'à 4° C voire 6° C d'ici à la fin du siècle, la réponse internationale est néanmoins restée trop timorée. Les engagements de réductions d'émissions de gaz à effet de serre ne mettent pas l'humanité à l'abri d'un emballement de la machine climatique. Et sur la question de l'avenir du protocole de Kyoto qui oblige les pays développés, Etats-Unis mis à part, à réduire leurs émissions polluantes, la conférence au Mexique n'a fait que passer la patate chaude à Durban, où les négociateurs se retrouveront l'an prochain. Quel accord ? Quelle avancée ? L'accord trouvé prévoit la création d'un Fonds vert doté de 100 milliards de dollars par an, à partir de 2020, pour aider les pays en développement dans leurs politiques «climat». Aucune décision n'a cependant été prise sur ses sources de financement… La question devra être réglée dans un an, lors du prochain sommet à Durban, en Afrique du Sud. Un accord-cadre a aussi été trouvé sur les mécanismes de soutien aux pays fournissant des efforts contre la déforestation. Pour la première fois aussi, un objectif de limitation de la hausse des températures est gravé dans le marbre d'un accord international. Mais surtout, c'est la première fois que les Etats-Unis et la Chine, les deux plus gros pollueurs de la planète, entrent dans un processus de lutte contre le réchauffement climatique. Le texte annonce, de fait, que les objectifs nationaux de réductions d'émissions de gaz à effet de serre (GES) fixés par les signataires sont pour le moment insuffisants. Et devront être révisés. Conclusion : la conférence de Cancun a offert un petit bol d'air au processus de négociation onusien, qui se poursuivra en Afrique du Sud en 2011, mais le plus dur reste à faire, à savoir le prolongement du traité de Kyoto. Qu'en sera-t-il à Durban ? L'accord de Kyoto se terminant en 2012, le Japon, le Canada et la Russie ont fait savoir à Cancun qu'ils ne prolongeraient pas leur engagement si les Etats-Unis, non signataires, et la Chine, exemptée de contraintes, n'en étaient pas parties prenantes. Seule l'Union européenne et les pays en développement y sont favorables. Pour éviter le blocage, la décision sur ce point a été reportée au prochain sommet de Durban. On devrait alors savoir laquelle de ces deux logiques finira par l'emporter. Les engagements des pays industrialisés ont été extraits de l'accord de samedi, ce qui a permis au Japon de ne pas s'engager à accepter que le protocole de Kyoto entre dans une deuxième phase. Les divergences restent par conséquent entières. «Un long et difficile chemin se trouve devant nous. Peut-on en venir à bout à court terme ? Je n'en sais rien», a avoué Connie Hedegaard. Durban sera aussi un test pour l'Afrique, l'un des continents les plus exposés aux effets du réchauffement. Souvent peu audible et dans l'ombre du G77 dans les réunions climat, elle aura peut-être l'occasion de faire entendre enfin une voix plus claire dans un processus qui aura, au final, retrouvé quelques couleurs à Cancun.