Avec deux présidents, deux gouvernements et maintenant deux administrations, le pays est plongé dans une impasse politique. Une crise qui risque de coûter cher au pays. Le point sur les conséquences économiques. La situation de crise politique se prolonge, provoquant l'inquiétude des entrepreneurs ivoiriens et étrangers. Après l'appel au dialogue lancé par Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara a écarté samedi «toute négociation» avec le président sortant. Mais jusque-là, le président sortant n'a guère manifesté son intention de quitter le pouvoir, revendiquant la légitimité du Conseil constitutionnel. Tandis que la crise politique bat son plein, les patrons tirent la sonnette d'alarme. En effet, l'absence d'entente avec les deux hommes fait sombrer les entreprises. Michel Tizon, président de la Chambre de commerce française, représentant 750 PME, a calculé le manque à gagner.«Ce que nous vivons actuellement, c'est une désolation dans nos entreprises. Depuis le mois dernier, on peut penser à 30-35% de manque de chiffre d'affaires. Pour le premier mois de décembre, ce serait plutôt 50%», déclarait-il au micro de RFI. Même constat du président de la Confédération générale des entreprises de Côte d'Ivoire (Cgeci), Jean Kacou Diagou : «La situation économique et financière pour de nombreuses entreprises commence à être difficile», et «risque de s'aggraver». Le blocage politique se répercute également sur les cours du cacao. Premier producteur mondial de cette denrée, la Côte d'Ivoire risque avec la crise de ne plus être en mesure de garantir ses approvisionnements. Au port de San Pedro, au sud-ouest du pays, seules «10.000 tonnes de fèves» ont été exportées au cours du mois écoulé, «contre 25.000 l'an dernier sur la même période», estime Samir Lakiss, important exportateur ivoiro-libanais. L'économie ivoirienne avait pourtant amorcé une reprise avec une croissance à la hausse, passant de 2,3% à 3,6% entre 2008 et 2009. L'espoir d'un rebond après l'élection faiblit à la vue du blocage politique qui s'éternise.