Au lendemain des inondations qui ont frappé la côte ouest du Maroc, alors que Casablanca, hier sous les eaux, a repris son activité normale, quelques individus s'activent dans un hangar de la métropole. Sur place, 12 petites mains empaquètent les vivres de près de 3.000 foyers. Un travail de fourmi, bien loin d'être fini. Pour la Banque Alimentaire, les catastrophes naturelles suscitent de nouvelles mobilisations : «Depuis la création de la Banque Alimentaire en 2002, nous avons pu signer plusieurs conventions avec différentes associations qui gèrent des structures d'accueil et assurent hébergement et restauration à leurs bénéficiaires. Elles travaillent dans la protection de l'enfance, dans le soutien aux femmes en situation difficile, la scolarisation en milieu rural ou les personnes à besoins spécifiques issues de milieux défavorisés. Nous nous sommes ainsi engagés à les approvisionner en produits alimentaires gratuits tout le long de l'année. En parallèle, nous avons des partenariats durables avec des entreprises agro-alimentaires qui nous aident régulièrement et qui répondent toujours présent lors de catastrophes naturelles telles que celle de la semaine dernière», explique Nada Adel, directrice de la Banque Alimentaire du Maroc. Sur place, des journaliers sont engagés pour constituer les colis familiaux, autrement nommés les «paniers». La semaine dernière, les équipes se relayaient jour et nuit. Les week-end, quelques bénévoles apportent main forte. Sucre, pain, riz, confiture, sardines, lait et gâteaux constituent les denrées d'un marché de fortune. Ici, rien n'échappe à l'œil des responsables. Les colis sont remplis autant que possible, sous la jauge de dame Egalité. Pour mesurer l'ampleur des besoins, l'association est rattachée aux acteurs associatifs locaux implantés dans les zones sinistrées. Ils servent de relais sur le terrain en réalisant un recensement, en définissant un ordre de priorité en fonction de l'impact sur les familles et en constituant une commission dans laquelle interviennent les autorités locales. Toutes les décisions sont donc prises de manière collective, en coordination avec les autorités. Ainsi la Banque Alimentaire se définit comme un «maillon dans la chaîne entre les donateurs et les structures associatives». «Nous nous sommes rendu compte que les associations n'ont pas toujours les ressources nécessaires pour approcher les entreprises et procéder à des collectes multiples auprès des différents donateurs. La Banque Alimentaire est une sorte de guichet qui leur permet d'obtenir au même endroit des produits variés. Nous recevons les dons et les répartissons en fonction du nombre de personnes prises en charge par chaque structure. Il y a également des entreprises qui préfèrent réorienter vers nous les associations qui les sollicitent, au lieu de faire plusieurs dons séparés. Nous sommes un peu comme leur «sous-traitant humanitaire»», ajoute Nada Adel. L'association travaille en toute indépendance. Et si les besoins en dons ne sauraient tarir, la directrice insiste sur l'importance des conventions entre les entreprises et la Banque Alimentaire. En effet, l'un des grands enjeux de l'association est de réussir à anticiper les besoins et de pouvoir répondre à la demande en temps voulu. «Nous signons des conventions avec les associations qui stipulent que tous les mois –ou tous les trois mois pour les structures rurales– elles bénéficient d'un certain nombre de produits. Si nous n'avons pas reçu ces produits en nature, nous les achetons avec les dons reçus en numéraire de façon à respecter notre engagement. L'idéal serait que cet engagement soit également garanti du côté des entreprises. Avoir davantage de conventions avec des entreprises nous permettrait de répondre à plus de demandes et d'oser nous engager davantage avec les associations, surtout dans le rural, car ce sont celles qui ont le plus de mal à trouver des ressources. C'est une chaîne : la chaîne de la solidarité», conclut Nada. Cette fois-ci encore, un appel aux dons a été lancé afin de récupérer tous types de produits entrant sous l'étiquette «premiers secours».