Samedi, le président sortant Laurent Gbagbo et son rival Alassan Ouattara ont tous les deux successivement prêté serment. L'ex-président sud-africain Thabo Mbeki, envoyé en «mission d'urgence» par l'Union africaine, est arrivé dimanche matin à Abidjan pour tenter de trouver une issue à la grave crise qui déchire le pays. Jusqu'à hier, la crise planait toujours sur la Côte d'Ivoire. Samedi 4 décembre, le président sortant Laurent Gbagbo et son rival Alassan Ouattara, reconnu vainqueur sur la scène internationale, ont tous les deux prêté serment. Face à cette situation anormale ou la population ivoirienne se retrouve avec deux présidents, l'ex-président Sud-africain Thabo Mbeki, envoyé en mission d'urgence par l'Union africaine, est arrivé dimanche matin à Abidjan. Objectif : trouver une issue à la crise post-électorale qui déchire le pays. Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, a également avalisé la victoire d'Alassane Ouattara et a rejeté «toute tentative visant à créer un fait accompli». Comment ce pays en est arrivé là ? Jeudi 2 décembre Alassane Ouattara était sorti vainqueur avec 54,1% des voix. Mais son prédécesseur réclame l'annulation de ce scrutin dans quatre régions du Nord, considérées comme le fief de Ouattara. Laurent Gbagbo accuse les rebelles partisans de Ouattara d'avoir manipulé les résultats et intimidé les électeurs dans le Nord. Mais, selon les résultats donnés par la CEI, il faudrait annuler près de 400.000 votes pour donner la victoire au président sortant. Son allié Paul Yao N'Dré, président du Conseil constitutionnel qui doit ratifier le résultat pour le valider, a jugé illégale l'annonce faite par la Commission électorale indépendante (CEI), car elle est intervenue après l'expiration du délai prévu, mercredi à minuit. Le sort de ce scrutin semble donc désormais entre les mains du président du Conseil Constitutionnel qui possède sept jours pour valider ou non les résultats : «Il y a toujours un risque pour que cette option soit la dernière arme de Gbagbo», a déclaré l'analyste Gilles Yabi à la presse ivoirienne. Ce dernier rappelle que Laurent Gbagbo a toujours fait usage d'une rhétorique populiste et nationaliste. Les Nations unis, les Etats-Unis et la France ont par ailleurs appelé les candidats à respecter le choix du peuple ivoirien. Plusieurs observateurs pensent que la réaction de la communauté internationale est ouvertement favorable à Gbagbo : «Je pense que la réaction de la communauté internationale va renforcer l'impression que le résultat est celui qu'elle désirait», a ajouté le chercheur au sujet des résultats provisoires, donnant la victoire au candidat le plus policé, par ailleurs ex-directeur adjoint du FMI. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exprimé sa «profonde inquiétude» devant cette impasse, «en dépit du résultat transparent et crédible» du scrutin. Les Etats-Unis, qui ont déconseillé à leurs ressortissants tout voyage en Côte d'Ivoire, l'Union européenne et la Grande-Bretagne, ont également reconnu l'élection d'Alassane Ouattara.