Des anciens militaires loyalistes déclarent la guerre au président ivoirien Laurent Gbagbo. La rébellion rejette la médiation sud-africaine. Une situation qui risque de bloquer le processus de paix. La situation en Côte d'Ivoire ne fait qu'empirer. La crise politique que connaît ce pays ravagé par la guerre civile devient de plus en plus compliquée. Le président ivoirien Laurent Gbagbo voit ses ennemis augmenter de jour en jour. Après plusieurs mois de silence qui ont suivi son limogeage, le général Mathias Doué, ancien chef d'état-major des forces loyalistes, sort de son ombre et déclare à la radio RFI qu'il entend obtenir le départ du président Laurent Gbagbo par tous les moyens si la communauté internationale ne prend pas les devants. Le général Doué a été relevé de ses fonctions après l'échec de l'opération « dignité », une offensive lancée contre la rébellion dans le nord du pays. En même temps, le lieutenant-colonel Ahoussaou Jules Yao Yao, l'un des militaires ivoiriens les plus connus, lui aussi déchu, a envoyé une lettre incendiaire qui risque de troubler le sommeil du président ivoirien. Dans sa lettre ouverte, l'ex-porte-parole de l'armée parle d'une unité d'escadrons de la mort dont les membres sont les proches de Laurent Gbagbo. Au total, il livre les noms de neuf personnes qu'il accuse d'être impliquées dans divers assassinats à caractère politique. La destitution d'Ahoussaou Jules Yao Yao est survenue après un dîner à la résidence de l'ambassadeur de France à Abidjan. Il a été arrêté par la garde présidentielle avant de passer à tabac. Le lieutenant-colonel a été accusé de trahison. Après la publication de la lettre de Jules Yao Yao, les principaux partis d'opposition ont demandé des explications au président Laurent Gbagbo sur ces fameux « Escadrons de la mort ». L'opposition avait auparavant critiqué l'arbitrage du président sud africain Thabo Mbeki. Cette médiation sud-africaine avait provoqué des contestations et de la part de l'opposition et de la part de la rébellion. Pour les Forces nouvelles stationnées au nord, le comportement de Thabo Mbeki n'est pas neutre. Selon eux, son arbitrage est en faveur du président Laurent Gbagbo sur les lois du 15 juillet. Une loi qui porte notamment sur le processus électoral et l'identification. L'opposition ainsi que la rébellion, tous deux contestent cette loi et en demandent la révision. Les rebelles avaient adressé une lettre au président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, ancien parti unique), Henri Konan Bédié, et à Alassane Ouattara, président du Rassemblement des républicains (RDR), dans laquelle ils dénoncent le comportement du président Mbeki. Ils ont aussi menacé de demander sa révocation. «Nous avons le sentiment grandissant que la médiation a perdu sa crédibilité », a déclaré Sidiki Konate, le porte-parole des Forces nouvelles. L'opposition, elle, a souhaité que certaines choses doivent figurer de manière claire dans cet arbitrage afin d'éviter les interprétations divergentes. Elle a cité l'exemple de l'Institut national de la statistique (INS), qui est en théorie sous l'autorité de la Commission électorale indépendante (CEI) et doit lui "rendre des comptes", selon les termes de l'accord de Pretoria II (signé le 29 juin 2005). Malgré les protestations formulées par les rebelles et de l'opposition, le président Thabo Mbeki semble déterminé à continuer de jouer le rôle de médiateur. En effet, il a réagi à ces accusations dans un courrier adressé le 16 août au secrétaire général des Forces nouvelles (FN, rébellion). Dans ce courrier, le président sud-africain a déclaré qu'il serait prêt à discuter des litiges sur lesdites lois et à aborder bien d'autres sujets lors des prochaines rencontres. « Le processus de paix en Côte d'Ivoire requiert que tous les leaders ivoiriens fassent de leur mieux pour trouver une solution, au lieu de maximiser les difficultés », a-t-il ajouté. La crise politique en Côte d'Ivoire a été enclenchée suite à un coup d'Etat qui a permis à l'opposition de prendre le contrôle du nord du pays. Depuis, le sang n'a cessé de couler. En avril dernier, un accord de paix a été conclu afin de mettre fin au conflit. En vertu du traité, les rebelles devront déposer les armes d'ici les élections.