Le complexe Mohammed V ressemblait à un chaudron, comme à chaque derby. Une ambiance folle, des tifos admirablement conçus, un service d'ordre impressionnant et deux équipes qui n'avaient aucunement droit à l'erreur ou au faux pas. Les appréhensions des uns et des autres étaient parfaitement justifiées, en particulier celles des techniciens qui ont rivalisé d'ingéniosité pour mettre en place le meilleur schéma tactique. Le Raja a vécu les meilleurs moments, s'est créé les meilleures occasions et a dominé durant une bonne partie de la rencontre. Mais, l'excès de confiance, allié à une naïveté tactique, ont transformé le rêve en cauchemar. « Dominer n'est pas gagner », dit le sage dicton. Le Raja l'a constaté samedi face au réalisme du Wydad qui a su tirer son épingle du jeu pour empocher les points de la victoire (2-1). Les Wydadis se sont donné de l'air, comme l'a déclaré leur entraîneur Diego Garzitto : « Nous avons joué sur les qualités de l'équipe et on a décidé, dès le départ, de laisser venir les joueurs du Raja pour procéder par des contres. Cela a été payant puisqu'à notre 2e occasion, on a réussi à prendre de l'avance au score. Cette victoire va nous permettre de travailler sereinement et dans le calme ». Le vaillant Nadir Lamyaghri, l'homme du match, qui a été le dernier rempart de la défense wydadie, a usé de toute la panoplie des grands gardiens pour stopper les actions adverses. Monopolisant le ballon et dominant territorialement, les Rajaouis vont tomber dans l'excès du beau jeu avant d'être pris à leur propre piège, contre le cours du jeu. Et c'est Mohcine Iajour, l'ancien attaquant rajaoui qui va, à lui seul, anéantir tous les espoirs de ses anciens coéquipiers. Le premier but est venu suite à une belle percée de Aït Laarif dans le flanc droit des Verts servant sur un plateau Iajour qui a ouvert le score. Les Rajaouis, donnés favoris dans un classique dont l'issue a rarement respecté les forces en présence et les pronostics, ont tenté de varier leur jeu en privilégiant les ailes plutôt que l'axe beaucoup trop encombré, mais les solutions ne pointaient pas. Ce n'est qu'à la 52e mn de jeu que le Raja va rétablir la situation grâce à un tir appuyé de Hassan Tair, qui ne laisse aucune chance à Nadir Lemyaghri. Cette égalisation aurait normalement donné du tonus aux Verts, surtout qu'elle est intervenue juste après l'expulsion de Jamal Allioui, qui a écopé d'un deuxième carton jaune. Une expulsion qui aurait pu coûter cher aux hommes de Garzitto, mais le Raja n'a pas tiré profit de cette supériorité numérique. Pire, les Verts vont privilégier le spectacle au détriment de la rigueur, juste pour épater la galerie. Un jeu dangereux quand on n'a pas l'esprit conquérant. Alors que l'on s'acheminait vers un nul, Iajour surgit de nulle part et terrasse le gardien Jarmouni sur une belle reprise de la tête. Une défaite qui fait mal aux Rajaouis qui n'ont toujours pas atteint leur rythme de croisière. Mhamed Fakhir était amer en fin de rencontre : « On ne mérite pas de perdre ce match que nous avons dominé de bout en bout. Le Raja a présenté du bon football avec des joueurs bien placés sur le terrain, mais à la fin nous avons perdu le match. Je suis déçu par ce résultat et les joueurs le sont encore plus ».