Jmahri de l'USFP : «L'Etat a une stratégie de communication, mais est-elle aussi efficace qu'elle devrait l'être ? Je constate qu'il y a un déficit, délibéré ou non, en la matière mais le résultat est là : notre communication officielle laisse à désirer». Après une semaine, Taïeb Cherkaoui et Taïeb Fassi Fihri décident enfin de communiquer sur les incidents de Laâyoune. Les deux ministres devaient en effet tenir, dans l'après-midi du lundi au siège du ministère des Affaires étrangères, une conférence à l'adresse de la presse nationale et étrangère. Force est de constater qu'encore une fois, les responsables marocains restent moins communicateurs et avares en informations. Depuis le 9 octobre, jour de l'installation des premières tentes au camp de Gdeim Izik, le gouvernement, fidèle à sa politique de l'autruche, a évité d'intervenir pour trouver une solution à la grogne des habitants de Laâyoune. Ce n'est que quelques jours plus tard que Khalid Naciri, le porte-parole de l'équipe Abbas El Fassi, a évoqué la chose. Le mal était déjà fait. Les dizaines de tentes des premiers jours se sont multipliées au point que leur nombre oscillait entre 2.000 et 3.000. Les revendications sociales des premières heures ont été mises sous le boisseau suite à l'ampleur des slogans séparatistes. Autant de zones d'ombre qui remettent sur scène la lancinante question : «Avons-nous une stratégie de communication vis-à-vis de ces grands événements ?». Réda Taoujni répond par la négative : «C'est le cafouillage qui prime. Nous n'avons pas de stratégie de communication. Il est temps de faire notre autocritique et de se dire que peut-être c'est nous qui somme l'origine du problème parce que nous n'avons pas un office ou encore une cellule qui veille à véhiculer et défendre les dossiers du Maroc auprès des grands groupes de presse internationaux». Et de s'interroger sur la présence marocaine en Espagne : «Nous y avons plus de 500.000 MRE mais sans aucune ONG qui explique, loin de la propagande, la version marocaine sur le Sahara. Une absence qui tranche avec l'appel royal du 6 novembre 2009 à l'émergence d'une société civile à même de mieux défendre la position du Maroc». De son côté, Abdelhamid Jmahri, membre du bureau politique de l'USFP, souligne que «l'Etat a une stratégie de communication mais est-elle efficace ? Je constate qu'il y a un déficit, délibéré ou non, mais le résultat est là : notre communication laisse à désirer». Et de poursuivre : «Au début, ils avançaient que le camp Gdeim Izik était la manifestation d'une grogne sociale. Ils nous ont fait croire que l'Etat est sûr de ce qu'il entreprend. Ils nous ont fait gober la couleuvre. Après le démantèlement du camp (lundi 8 novembre, ndlr), leur première réaction, au demeurant très hâtive, a été d'imputer les troubles qui ont suivi cet acte à des malfrats et des repris de justice, avant de parler d'un complot. Si l'opinion publique marocaine soutient unanimement l'Etat, il y a des voix au sein de la classe politique qui se montrent perplexes quant à la manière avec laquelle ce dossier a été traité».