Du discours à la pratique, le chemin peut être long et pénible. D'un côté, nous avons les discours et les démonstrations officielles d'un Maroc qui surfe avec prestance sur la vague informatique grâce à des services du troisième millénaire, et de l'autre, des expériences individuelles d'un autre âge. Il suffit de se rendre dans une administration, disons à la Sécurité sociale, pour s'enquérir de sa situation ou de celle de son entreprise. Devant le désert numérique auquel on est confronté, on se voit demander du « papier » avec des « tampons », invention maléfique d'un autre temps et qui, à l'époque où on ne parle que de dématérialisation et de respect de l'environnement, sonne comme une mauvaise blague. C'est qu'il faut prouver qu'on est en règle, parce que le système n'a pas encore été mis à jour. Si vous vous aventurez à hausser le ton, la réponse, à peine polie mais ferme, vous met face à un dilemme : « Si tu veux ton papier, écrase-toi et si tu veux jouer à Don Quichotte, rappelle-toi que ce sont toujours les moulins qui gagnent ». Il est tout à fait normal que les systèmes mis en place prennent un certain temps pour devenir complètement opérationnels, mais quand ce temps dure plusieurs mois, il faut se poser la question de la motivation des agents et de leurs superviseurs. N 'y a-t-il donc aucun moyen de mesurer le taux de service de nos administrations ? De s'assurer que les services pour lesquels nous les sollicitons sont des prestations normales ? En attendant des jours meilleurs, à chaque demande, il faut refournir son lot de papiers dûment signés et cachetés et s'armer de patience.