Pour 7 milliards de DH, France Telecom met un pied au Maroc. Les 40% cédées par la CDG et FinanceCom leur rapportent une belle cagnotte et au bon moment. (Suite de la Une) C'est fait: Méditel passera dans le giron de France Télécom après la signature, au mois de décembre, de la cession de 40% du capital de l'opérateur marocain par le tandem CDG et FinanceCom au groupe français. Méditel deviendra ainsi le 15e opérateur télécom africain à rouler pour Orange. La transaction coûtera 7 milliards de DH (640 millions d'euros) à France Télécom. La signature du mémorendum d'entente pour la cession de Méditel à France Télécom, représentée par son PDG, Stéphane Richard, par la CDG représentée par Anas Houir Alami et Othman Benjelloun du côté de FinanceCom, s'est déroulée, hier à 15h30 à Rabat, entérinant ainsi les négociations entamées auparavant avec Méditel. Pour le patron de France Télécom, cette acquisition fait partie des orientations stratégiques d'Orange. La finalisation de l'opération sera suivie par l'introduction de Méditel en bourse, courant 2011.En termes de visée, France Télécom projette également d'augmenter ses parts dans le capital de Méditel. Ces dernières passeront de 40% à 45%, puis à 49%. Cette opération de cession ne sera toutefois validée qu'après l'approbation de l'ANRT, le régulateur national des télécoms. … En effet, le marché marocain constitue aux yeux des spécialistes un marché modèle pour les pays d'Afrique pour deux raisons, selon les analystes. La première tient au niveau élevé de ses infrastructures, la seconde au dynamisme du secteur. Que des indicateurs au vert Une récente étude de Pyramid Research prévoit pour le marché marocain, une croissance de 3,1% annuellement entre 2010 et 2015. L'étude prévoit un volume d'affaires généré pour le secteur qui va passer de 4,9 milliards de dollars en 2010 à 5,7 milliards de dollars en 2015. En outre, la part des recettes du mobile (voix et données) passeront de 67,6% de part de marché à 69,5%. Par ailleurs, France Telecom a acquis Méditel à un moment ou l'opérateur marocain regagne du terrain sur le marché des mobiles grâce aux initiatives commerciales et aux promotions actionnées par l'opérateur dès le début de l'année dernière. Les analystes prévoient aussi que l'introduction d'INWI dans le paysage des télécoms marocains grappillera dans les parts de marché d'IAM quelque 13%, faisant passer la part de Maroc Telecom à 59,6% en 2015, selon Pyramid research dans son rapport sur le marché des mobiles au Maroc, publié en juillet dernier. Tandis que Meditel continuera à voir sa part de marché évoluer positivement, et ce pour la période allant de 2010 à 2015 lit-on dans l'étude. Pour l'année en cours, l'opérateur confirme une croissance de 15% de sa base de données clientèle. De plus, les états financiers de Méditel au 30 juin 2010 font état d'un résultat avant impôts de 1,01 milliard de DH, en augmentation de 7,3% par rapport à la même période de 2009. Mais France Télécom n'est pas la seule à avoir conclu une bonne affaire. En effet, l'opérateur français a payé plus cher que ce que l'opérateur indien, Bharti, avait déboursé pour acheter les actifs de Zain en Afrique. Dans la foulée, le tandem CDG-Finance.com a fait une plus-value de 220 millions d'euros hors impôts. Une belle opération, et une bouffée de cash à un moment marqué par un stress de liquidités touchant plus ou moins les deux groupes marocains. Entretien «Les visées sur le marché nord-africain sont plus nombreuses que ce qui a filtré à travers la presse» Le marché marocain devra atteindre 100% de taux de pénétration dans les 5 ans qui viennent, ce qui augure d'un climat hautement compétitif à venir, grignotant les marges de profit des opérateurs. Pour les pays sub sahariens, le taux de pénétration va osciller entre 30 et 40%. En résumé, la stabilité économique et politique combinée à une clientèle pouvant supporter le coût des services sophistiqués (Data-centric devices) fait de l'Afrique du nord et, par ricochet, du Maroc, la zone la plus «conviviale»du continent africain. Qu'est-ce qui explique le rush des opérateurs globaux sur le marché africain ? D'abord il y a les coûts de la bande passante qui ont baissé dans le continent africain grâce à une capacité étendue du réseau fibres optiques. Ceci constitue une attraction certaine sur les opérateurs désireux de diversifier leurs actifs. Ce qui a provoqué une vraie course aux acquisitions. En plus de l'achat de Méditel par France Télécom, l'opérateur russe Vimpelcom vise l'achat d'Orascom. En définitive, je crois que les visées sur le marché nord-africain sont plus nombreuses que ce qui a filtré à travers la presse. Que pensez- vous de l'acquisition de Méditel par France Télécom ? Je pense que France Télécom ne va pas s'arrêter là. Son plan d'investissements de 9 milliards d'euros prévoit l'achat d'autres actifs en Afrique. Si je devais faire une spéculation, je dirais que France Télécom s'épanouirait davantage en Afrique de l'Ouest. Sénégal et Cameroun pourraient être en bonne place dans les tablettes de l'opérateur français.