* FinanceCom et CDG acquièrent 64,36% du capital de Méditelecom pour un montant de 800 millions deuros. Ils détiennent désormais, à parité égale (50-50), la totalité du capital du second opérateur national de télécommunications. * Fortes ambitions de développement en Afrique subsaharienne. Après plusieurs mois de supputations, avec les scénarii les plus improbables, le «sort» de Meditelecom est définitivement scellé. En effet, depuis lundi dernier, le tour de table du deuxième opérateur télécom national est devenu à 100% marocain avec le rachat de la totalité des parts de Portugal Telecom (PT) et de Telefonica par les groupes FinanceCom et CDG. Ainsi, à travers laccord conclu, ces derniers ont acquis 64,36% du capital de Meditelecom pour la bagatelle de 800 millions deuros, soit un peu plus de 9 milliards de DH. Déjà présents dans lactionnariat de lopérateur, FinanceCom et la CDG détiendront, in fine, à la réalisation de cette transaction, à parité égale, la totalité du capital de Medi Telecom. Il faut dire que laboutissement dune telle opération nétait guère chose facile, comme la dailleurs précisé le président de FinanceCom, Othman Benjelloun. Il a fallu plusieurs mois dâpres négociations, dautant plus que les deux groupes nétaient pas les seuls en lice pour la reprise de Portugal Telecom et Telefonica. Il y avait, en effet, sept autres repreneurs potentiels intéressés. «Nous avons jugé quil y avait là une formidable opportunité pour leurs partenaires marocains, en loccurrence les groupes CDG et FinanceCom, de se porter acquéreurs de ces participations, étant donné leur connaissance intime de lentreprise, leur présence active depuis le démarrage de son activité et leur confiance dans son potentiel et dans celui du marché marocain des télécommunications», souligne Anas Alami, DG de la CDG. Et, comme la dit Benjelloun, «PT et Telefonica ont fait le meilleur choix possible, dautant plus que nous étions déjà présents dans le tour de table». Cet engouement aura certainement contribué à valoriser davantage Meditelecom, quand bien même Alami en a minimisé quelque peu limpact. Toujours est-il que les différentes parties semblent, chacune, avoir fait une bonne affaire. En cela, daprès son Directeur général, Zeinal Bava, cité par Reuters, Portugal Telecom devrait tirer une plus-value nette de 270 millions d'euros de cette cession. Quant à la partie marocaine, elle hérite dun opérateur solide qui présente des potentialités de développement non négligeables. Il faut savoir, à cet effet, que Meditelecom représente 36,7% de parts de marché, plus de 8,5 millions de clients, un chiffre daffaires supérieur à 5 milliards de dirhams et un revenu net annuel dépassant 500 MDH. «En moins de dix ans, elle a investi 25 Mds de DH et son plan dinvestissement 2008-2011 prévoit 4 Mds de DH, autofinancés à 75%», souligne Benjelloun. Actuellement, lopérateur emploie directement 1.000 salariés et, indirectement, 18.000 personnes, avec un réseau de distribution de 7.000 points de vente, en plus de 30.000 autres où ses produits sont disponibles. Modèle à succès du partenariat euro-méditerranéen, Meditelecom a désormais ouvert une nouvelle page de son histoire en devenant un opérateur marocain à 100%, avec suffisamment dexpertise pour poursuivre sur la voie de la croissance. En réalité, depuis bien longtemps, lopérateur était devenu indépendant tant sur les aspects techniques que technologiques, «Telefonica et PT étant davantage des actionnaires financiers». Dailleurs, martèle Benjelloun, «son millier de salariés ne compte que quatre étrangers opérant dans le domaine de la finance». De quoi rendre fier Othman Benjelloun pour qui «cette transaction dacquisition de la totalité du capital de Meditelecom par les groupes FinanceCom et CDG montre que des groupes marocains ont lenvergure de se substituer à quiconque des investisseurs étranger décide de céder ses parts pour des raisons qui lui sont propres et qui nont rien à voir ni avec la santé financière de la société, ni avec celle, économique, du Maroc». Nouveaux horizons Après une dizaine dannées dexistence, voilà donc de nouveaux horizons qui souvrent pour le second opérateur national, détenteur de trois licences de téléphonie fixe et mobile. Un opérateur qui dispose désormais dune marge de manuvre encore plus importante, dautant plus que le processus de prise de décision sera moins lourd quauparavant, notamment du temps où lopérateur comptait dans son tour de table quatre actionnaires détenteurs de parts du capital plus ou moins proches. Une marge de manuvre que FinanceCom et CDG comptent mettre à profit pour nourrir des ambitions de développement encore plus importants, en restant notamment ouverts à toute opportunité de partenariat et dactivité et en ciblant notamment des marchés porteurs comme lAfrique subsaharienne. Othman Benjeloun ne dit dailleurs pas autre chose. Selon lui, «lavenir des infrastructures, comme celle des Télécoms, se trouve également sur ce continent où vivent près dun milliard dhabitants». Dans le même sens, Anas Alami tient à souligner que «nous navons pas de position arrêtée par rapport aux partenariats potentiels, et nous pouvons parfaitement envisager un jour douvrir le capital à nouveau à un opérateur télécoms international». Reste que, poursuit-il, «ceci se fera en fonction de la qualité du partenariat que les actionnaires marocains pourront développer avec cet opérateur et de la valeur ajoutée quil peut apporter à Méditel». De même, lintroduction en Bourse dune partie du capital de lopérateur nest pas à exclure dans le futur.