Notre législation reconnaît le droit au travail des handicapés sous certaines conditions d'aptitudes et sans que ce droit n'entrave la marche normale de l'entreprise. Cette loi exige des entreprises qu'elles emploient du personnel handicapé à hauteur minimum de 7% des effectifs. Dans son édition du 30 août dernier, notre quotidien rappelait qu'un projet de loi destiné à « renforcer les droits des handicapés » croupissait dans les tiroirs du SGG qui affiche de bien meilleures dispositions pour d'autres sujets. Les décrets d'application pour l'emploi des handicapés ne concernent, pour l'instant, que les entreprises publiques et ne sont quasiment pas appliquées. Les ONG, très actives dans ce domaine, se voient souvent rétorquer par de hauts responsables que « notre pays n'est pas capable de fournir suffisamment de travail aux valides alors à quoi bon s'intéresser à l'emploi des handicapés ? ». Il est évident que la qualité de ces « dits » responsables se mesure à la hauteur de leurs ambitions. Le handicap, selon l'OMS, « se manifeste dès qu'une personne est désavantagée à cause d'une déficience ou d'une incapacité » et devrait être compensée par un accompagnement humain adapté. Cet accompagnement nous le donnons naturellement à nos enfants et nous alimentons tous un budget de l'Etat qui consacre le quart de ses ressources à l'éducation notamment des enfants défavorisés mais abandonne l'enfant handicapé (seul 1 enfant sur 3 souffrant de handicap est scolarisé). Des associations comme l'AMH ou Anaïs ont fait la démonstration que les handicapés sont capables de contribuer à la création de valeur si leur prise en charge est adaptée et que le monde de l'entreprise le permet. Le droit au travail des handicapés doit mener, comme la loi l'exige, à l'obligation effective d'employer au moins 7% de personnes reconnues comme handicapées pour toutes les entreprises. Cette loi devrait être appliquée aux entreprises de plus de 20 salariés et tenir compte du handicap mental avec un quota d'un tiers par exemple. Les entreprises contrevenantes devront verser une contribution conséquente à un fonds destiné à l'intégration professionnelle des handicapés. Des métiers devraient être réservés en priorité aux handicapés. Une agence dédiée à l'intégration professionnelle des handicapés aura la charge de mettre en œuvre une stratégie d'intégration professionnelle financée par les entreprises « récalcitrantes » et par la solidarité nationale avec pour objectif d'obtenir un taux d'emploi des handicapés dans la moyenne globale du pays. Cette agence aura 4 missions principales. La première, sera de veiller à la scolarisation obligatoire des enfants handicapés au sein de l'école publique en apportant toute l'infrastructure et la logistique nécessaire pour l'accueil et l'accompagnement spécifique de chaque enfant souffrant de handicap en âge de scolarisation. La seconde mission de l'agence sera de généraliser l'implantation de Centres d'aide par le travail (CAT) dans toutes les régions du royaume installant des capacités d'accueil de 200.000 postes au lieu des quelques 3.000 positions recensées aujourd'hui. Ces CAT seront gérés dans le cadre d'un contrat-programme public-privé ou l'investisseur privé employant une majorité de handicapés selon des critères à étudier se verra octroyer un accès préférentiel aux marchés publics et d'autres avantages fiscaux ou sociaux. La troisième mission de l'agence sera de favoriser l'intégration professionnelle de personnes porteuses de handicaps. Afin de faire respecter la loi, un pouvoir régalien de contrôle et de sanction des entreprises et des institutions publiques ou privées lui sera octroyé. Ce pouvoir sera accompagné de moyens et d'avantages que l'agence offrira aux entreprises afin de créer les conditions optimales d'une intégration professionnelle respectueuse de la dignité humaine et de la liberté d'entreprendre. Ces moyens seront déployés pour la généralisation des ateliers protégés au cœur des entreprises, l'adaptation des infrastructures internes et l'accompagnement de l'intégration professionnelle de chaque individu. La quatrième mission de l'agence sera de veiller à changer le regard de la société vis-à-vis de l'handicap. Les préjugés et les appréhensions seront traités sans tabous. Peu de gens savent, par exemple, que le Maroc compte plusieurs champions olympiques porteurs de handicap alors que le sport national est en mal de succès. Dans le même contexte, l'agence veillera à la proposition et à l'application de textes pour la mise en place progressive de quotas au sein des assemblées élues et d'autres instances dirigeantes ou médiatiques à l'image de ce qui se fait par ailleurs pour les femmes ou les minorités visibles. A ce titre, l'intégration récente par la CGEM d'une personne souffrant de handicap mental au sein de ses effectifs est exemplaire car « il n'existe pas d'autre voie vers la solidarité humaine que la recherche et le respect de la dignité individuelle » (Pierre Lecomte du Noüy).