Au bal, il faut danser». La citation est du photographe Henri Cartier-Bresson, et tenter de sonder l'irrésistible attrait qu'exerce la danse sur tout un chacun est une question ouverte. Quel feu anime la danseuse de flamenco Sarra Barras, habitée par l'appel brûlant des guitares andalouses lorsqu'elle enflamme chaque hiver à Paris la scène du Théâtre du Châtelet ? Quelle force pousse le cinéaste Carlos Saura, à poser sa caméra durant près de 2 heures sur les corps endiablés des actrices du film «Salomé» ? Qui mieux que Aziz El Hakim, Directeur de la quatrième édition de l'International Fès Dance Festival, pourrait entendre l'appel de l'expression corporelle ? Natif de cette ville mystique, captivante «qui le hante jour et nuit, par ses chants et ses murmures souterrains, s'exhumant de son passé, grâce à laquelle j'ai appris à écouter le silence et à vénérer la beauté», confesse l'enfant de Fès. Comme l'idée des créations est bien souvent, le fruit d'un cheminement, la naissance de l'International Fès Dance Festival, qui se tiendra du 19 au 23 octobre prochain, est celle de la rencontre évidente entre Aziz El Hakim et la danse : «Je suis aujourd'hui danseur et metteur en scène. Dès mon plus jeune âge, j'ai grandi à la lumière des nuits soufies, qui animaient les Tarikas Aissaouies, Hamdouchies, Jilalies et Gnaouies de mon quartier, niché à Fès, Sidi L'Aoued, mais aussi dans les quartiers alentours. Dans les années 70, j'ai eu la chance de suivre les ateliers d'expression corporelle sous la direction de M. Jean-Pierre et Mme Jeanine. Ma passion grandissante pour la danse, s'est enrichie, dansant sans cesse, alimentée de surcroît, par ma fréquentation des Festivals de musique et de danse à l'étranger ; et mon appétit pour la lecture et les traductions d'articles sur la chorégraphie, que je publiais chaque semaine, dans le journal marocain arabophone «Al Alam», sous l'intitulé : L'espace de l'œil». La suite ? C'est l'aventure de l'International Fès Dance Festival, qui souffle sa quatrième bougie, cette année, ayant vu le jour sous l'impulsion de Aziz El Hakim, soucieux de transmettre ses moments de danse : «Il ne s'agit pas d'un hasard, si l'International Fès Dance Festival en est aujourd'hui à sa quatrième édition, ceci est le fruit d'une longue expérience, acquise par le biais du théâtre corporel et d'œuvres réalisées à partir de scènes chorégraphiques. Après mûre réflexion, est apparu le souhait de créer cet évènement, afin de rendre à la danse, la place qui lui revient au Maroc, puisqu'elle fait partie intégrante du quotidien. Elle permet d'exprimer la joie comme la tristesse, elle est de plus, porteuse de nombres de sentiments. Au Maroc, seuls notre Festival et celui de Marrakech, sont consacrés à la danse. En tant qu'artistes, avec l'efflorescence actuelle, des arts du spectacle et de la chorégraphie sur la scène internationale, nous ne pouvions pas rester en dehors de ce mouvement», souligne El Hakim. Au menu de la programmation de l'International Fès Dance Festival, une singularité voulue, placée sous le signe de «L'éloge du corps». Tous les tableaux des spectacles sont une promesse de rare qualité, avec une prédominance pour l'expérimentation et la rénovation, à travers la diversité. «Nous avons favorisé la présence africaine, avec trois spectacles prévus, car nous voulons encourager cette danse, en souffrance sur le plan financier, les Etats africains ne rendant malheureusement pas un profond intérêt à la richesse de ce patrimoine. Unique par sa symbolique, sa rythmique, l'esthétique de ses formes et de sa gestuelle», conclut Aziz El Hakim.