Faouzi Skalli était l'invité de la Villa des Arts de Rabat mardi 31 août. Le temps d'une conférence sur le soufisme et société. Ce docteur d'Etat en anthropologie et spécialiste du soufisme a évoqué plusieurs thèmes en relation avec cette philosophie. La spiritualité peut-elle générer une pensée nouvelle, un nouvel art, une nouvelle poésie? La spiritualité est-elle la voie d'un accomplissement essentiellement personnel ou peut-elle indiquer aussi le chemin d'une transformation collective ? A ces questions Faouzi Skalli a apporté des éléments de réponse. Pour cet écrivain et aussi directeur du festival de la Culture Soufie de Fès, il y a aujourd'hui un regain d'intérêt envers cette philosophie. Mais Faouzi Skalli ne nie pas, par ailleurs, qu'il y a eu à un certain moment une rupture avec le soufisme. «Des pans entiers de l'histoire du Maroc ont été profondément imbibés de soufisme, cette philosophie était omniprésente partout : dans le code de la vie, les valeurs, l'éducation ; mais avec l'arrivée de nouvelles générations il y a eu une rupture avec ces traditions», déclare Faouzi Skalli dans des propos au Soir échos. Il considère qu'il y a eu à un moment donné une sorte de rupture dans la transmission du soufisme et les raisons qui expliquent cette situations sont multiples. «C'est un phénomène mondial, dû à la globalisation, tout le monde était poussé à croire que l'aspect matériel est le seul apte à résoudre tous les problèmes et qu'on ne peut pas vivre sans ressources» souligne-t-il avant d'argumenter : «Mais cette conception est fausse puisque la richesse spirituelle est très importante ». Pour rééquilibrer la donne et motiver les sociétés à s'intéresser davantage au soufisme il faut, selon Faouzi Skalli, établir une matrice culturelle. «Très peu de gens savent en réalité ce qu'est le soufisme, c'est pourtant un patrimoine de la pensée universelle qui serait dommage de négliger et d'occulter», déclare-t-il avant de souligner : « C'est bien de connaître les autres cultures, mais c'est quand même aberrant de faire références à des penseurs occidentaux par exemple et d'oublier les grands penseurs soufis comme Roumi et Omar Khyam» . Faouzi Skalli croit dur comme fer que le soufisme n'est pas une question personnelle mais doit servir à façonner et à sculpter la société. «Pour y arriver, il faut tout d'abord prendre conscience de ces valeurs et s'intéresser aux lieux de transmission de ces connaissances sur le soufisme» ajoute Faouzi Skalli. Durant son intervention à la Villa des Arts, cet anthropologue a également évoqué comment le soufisme pouvait inspirer une pensée politique. «Je précise, il ne s'agit pas de politique partisane, mais c'est de politique citoyenne dont je parle. N'importe qui doit être impliqué», conclut Faouzi Skalli. Si le soufisme devient aujourd'hui une mode en Occident, les pays orientaux et maghrébins ont tendance à délaisser cette philosophie. Faouzi Skallli possède, quant à lui, un avis moins tranché à ce sujet, mais pense qu'il y a, petit à petit, un regain d'intérêt même s'il faut entreprendre davantage d'efforts dans la transmission du soufisme.