Quel bilan faites-vous de cette année ? C'est l'âge de raison, c'est notre troisième année d'exploitation dans le magnifique cinéma Rif de 1938. La CdT a fait redécouvrir la magie du cinéma aux Tangérois, à prix modique et dans des conditions d'accueil exceptionnelles. Avec plus de 250 films/an, la Cinémathèque a déjà permis à des milliers de spectateurs de profiter d'une programmation variée et unique dans la région. Comment le public a-t-il accueilli et participé aux différents évènements organisés par la Cinémathèque? Nous avons eu le plaisir, cette année, de voir émerger un public de tous les quartiers de la ville ou presque. La CdT, ce sont deux salles de projection, une bibliothèque de cinéma, un centre de consultation, une salle de montage, un café, et des films. Nos films sont divers, hétérogènes, propices à l'émergence d'un goût personnel et d'une culture. Des objets singuliers maintenus à la marge des circuits de la distribution et pour lesquels nous proposons un nouveau chemin vers le public : courts-métrages, documentaires, films expérimentaux et films d'artistes, mais aussi archives coloniales et post-coloniales. Nous sommes également très heureux de constater la popularité de notre ciné-club pour enfants, La Lanterne Magique, qui compte déjà 800 jeunes abonnés. Grâce à toutes ces initiatives, nous avons réussi à gagner une réelle légitimité auprès des professionnels et du public. Aujourd'hui, nous sommes fiers de compter parmi les institutions culturelles reconnues au Maghreb et au Moyen-Orient. Comment s'annonce la rentrée à la Cinémathèque de Tanger ? Un hommage à Yves Saint Laurent, Paul Bowles (centenaire de la naissance) et le nouveau cinéma libanais sont de la rentrée. Nous terminons cet été notre rétrospective Jacques Tati, et un cycle de grandes figures de l'Islam avec des portraits de Ibn Sina et de Al Farabi (en partenariat avec AlJazeera Documentary). Notre grand projet de 2011 est la rétro « Tanger vue par (le cinéma) », avec un livre et un cycle de films très excitants de toutes les époques avec Tanger comme sujet, prétexte ou décor. Les pouvoirs publics et le Centre cinématographique marocain (CCM) montrent simultanément un réel intérêt pour la Cinémathèque de Tanger et le modèle qu'elle expérimente. La compétitivité de nos villes a l'échelle méditerranéenne va dépendre, dans les dix ans à venir, du développement de nos infrastructures culturelles. Quel regard portez-vous sur le développement de la culture cinématographique au Maroc ? Le bilan est assez encourageant. La politique de soutien du CCM porte ses fruits, l'école de cinéma de Marrakech assure que dans les années à venir, nous aurons toujours des artistes et des techniciens pour faire du cinéma au Maroc. Les co-productions étrangères grandes ou modestes ne sont pas seulement une source essentielle de revenus, mais elles jouent le rôle de formation continue. Nous étions très fiers, qu'un cinéaste en résidence à la Cinémathèque, Oliver Laxe, remporte le prix Fipresci 2010 au Festival de Cannes, avec un film 100% Tanger.