L'impact de la crise sur l'activité de Grupo Santander à travers le monde est-il l'un des motifs qui l'ont poussé à réduire sa participation dans le capital d'Attijariwafa bank ? Comme vous le savez, la crise à l'international a eu des conséquences dramatiques pour plusieurs institutions bancaires. Grupo Santander est parmi les banques qui ont le mieux géré les conséquences de la crise et qui en est sortie même renforcée. Elle a, à ce titre, été nommée par le magazine The Banker, meilleure banque du monde en 2009 et d'ailleurs aussi meilleure banque d'Europe de l'Ouest, d'Espagne, du Royaume-Uni, d'Allemagne, du Portugal et de Puerto Rico. Cependant, comme toutes les banques du monde, elle accorde un soin particulier à ses fonds propres dits « durs » et au sujet desquels les banques centrales deviennent de plus en plus exigeantes. L'un des leviers principaux pour renforcer les fonds « durs » est l'externalisation de plus-values latentes par la cession d'actifs, l'autre étant l'augmentation de capital. Santander utilise depuis plus d'un an ces deux moyens et la cession récente de 10% du capital d'Attijariwafa bank à SNI fait partie de ce programme d'optimisation des fonds propres. Il se murmure sur le marché que ce deal serait également lié à une divergence de points de vue avec le management et les autres actionnaires de la banque marocaine, est-ce vrai ? Santander est un actionnaire stratégique de longue date, présent dans les plus hautes instances de gouvernance d'Attijariwafa bank et engagé dans différents projets de coopération avec la banque et ses filiales. Il conserve après cette transaction une participation importante de 4,55% et a cosigné un communiqué de presse avec SNI où il a clairement annoncé son intention de poursuivre tous les projets de coopération avec Attijariwafa bank. Il n'y a donc pas la moindre divergence de points de vue avec qui que ce soit. Des opérateurs du marché considèrent cette transaction comme un pas vers une opération stratégique de grande envergure, qu'en dites-vous ? Etant un simple représentant du management d'Attijariwafa bank, je ne dispose d'aucune information à ce sujet. On parle également du Togo comme prochaine destination d'Attijariwafa bank, qu'en est-il au juste ? Avant de répondre à votre question spécifique au Togo, permettez-moi de vous présenter brièvement les grands axes de notre stratégie à l'international et nos réalisations jusqu'à présent. Ce qui prime pour nous dans le cadre de cette stratégie, c'est de délivrer de la valeur à nos clients par le renforcement de notre réseau, à nos collaborateurs par la multiplication des opportunités de carrière et à nos actionnaires par le renforcement de notre résultat consolidé et la diminution de sa volatilité. Depuis 2005, nous avons parcouru un chemin considérable et à juin 2009, la Banque de Détail à l'International (BDDI) représentait déjà 15% du PNB consolidé d'Attijariwafa bank et 7% de son résultat net part du group. Les closings récents de septembre et décembre 2009 vont en plus de dégager des plus-values conséquentes comptabilisées dans les résultats 2009 et contribuer significativement dans les comptes consolidés au cours de 2010. La BDDI devrait ainsi générer plus du quart des revenus consolidés d'Attijariwafa bank en 2010. Ces progrès considérables et ces perspectives très favorables, et déjà certaines puisque réalisées, reviennent à une planification et une gestion très rigoureuse de notre programme de développement international. Ce dernier comprend des projets à tous les stades de maturité, dont plusieurs qui ne sont pas au Togo et qui sont à un stade avancé nous permettant d'envisager des annonces en 2010. Dans quel contexte intervient l'émission obligataire qui vient d'être bouclée et quel est son apport pour les fonds propres et les capacités d'investissement du groupe ? Attijariwafa bank est engagée dans un programme d'optimisation de ses fonds propres réglementaires, privilégiant essentiellement depuis février 2007 l'émission de dette subordonnée. L'intégralité de l'encours de cette dernière émission, soit 1 milliard de DH, sera comptabilisé dans nos fonds propres réglementaires. Ces fonds propres réglementaires sont utilisés dans le calcul de plusieurs ratios réglementaires que la banque doit respecter au niveau social (banque seule) et consolidé (ensemble du périmètre de consolidation). Pour une banque, c'est ce qui permet de financer sa croissance, à la fois interne et externe. J'utilise souvent l'analogie avec le carburant pour une automobile: l'automobiliste veille toujours à avoir suffisamment de carburant pour effectuer le trajet qu'il compte faire jusqu'à la prochaine station service.