Grâce à l'ordinateur et aux nouvelles technologies de l'information et de la communication, des recherches nouvelles voient le jour,ou alors des recherches anciennes sont renouvelées. Il en va ainsi des recherches sur les lois régissant les déplacements humains. Jusqu'à présent on pensait qu'ils étaient fonction du seul hasard, or Chaoming Song, de la Northeastern University, de la Harvard Medical School et du Dana Farber Cancer Institute de Boston, et ses collègues, viennent de montrer que nos déplacements sont prévisibles. Grâce aux données fournies par les téléphones mobiles de 50 000 personnes, cette équipe a mis en évidence le caractère prévisible de nos déplacements, que l'on soit sédentaire ou que l'on fasse de fréquents voyages. Cette découverte pourrait influencer la manière dont sont étudiés de nombreux phénomènes comme la propagation des hommes ou des virus ou la planification urbaine. Les mouvements des casaniers et des nomades sont prévisibles, dans 93 % des cas, indépendamment de toutes différences. Beaucoup de modèles utilisés pour étudier la mobilité humaine reposent sur le principe que nos activités obéissent fondamentalement au hasard et rien qu'au hasard. Ainsi en est-il des modèles de marche de Lévy utilisés pour étudier la dynamique virale ou la formation des queues ou les regroupements humains. Ces modèles supposent que nous choisissons toujours notre prochaine destination au hasard. Raison pour laquelle cette théorie est aussi connue sous le nom de «problème du marin ivre». Il en va de même, du modèle de Erlang utilisé par les ingénieurs des télécommunications pour déterminer combien d'appels peut gérer un central téléphonique. Le modèle erlangien, repose lui aussi sur le fait que les appels sont faits de manière aléatoire, comme si une loterie déterminait si nous allions donner un coup de fil ou pas. En outre, l'étude de Chaoming Song et ses collègues fondée sur l'enregistrement sur trois mois des données anonymes d'usagers de téléphones mobiles recueillies pour les facturations. L'enregistrement précisait l'endroit du central pour chaque appel ou réception de message. Comme attendu, l'écrasante majorité des usagers passaient la majeure partie de leur temps à quelques endroits alors qu'un petit nombre d'usagers faisaient régulièrement des centaines de kilomètres. Cette répartition peut laisser penser que la mobilité des gens qui voyagent moins devrait être plus facile à prédire que celle de la petite portion de ceux qui font de grands trajets. Un examen plus attentif a cependant permis aux chercheurs de découvrir que les mouvements des deux catégories étaient prévisibles, dans 93 pour cent des cas en fait, indépendamment de l'âge, du groupe linguistique, de la densité de population ou d'autres différences. Les auteurs de la recherche affirment que les algorithmes d'extraction de données fondés sur ces résultats pourraient conduire à des prédictions fiables de la mobilité humaine. Les résultats indiquent aussi selon les auteurs que «malgré notre profond désir de changement et de spontanéité, notre mobilité quotidienne se caractérise en fait par une profonde régularité».