Montée des opérateurs qui œuvrent sur le marché local. Nouvelles opportunités à l'export. La grand-messe des textiliens a eu lieu en fin de semaine dernière. Les membres de l'AMITH se sont réunis dans l'après-midi du jeudi 1er juillet pour leur assemblée générale ordinaire. Le principal point à l'ordre du jour n'est autre que l'élection des nouveaux président et vice-président à la tête de l'association professionnelle. Pour l'élection au poste de président, il n'y aura pas de nouveauté. Mostafa Sajid, textilien reconnu et frère de l'actuel maire de Casablanca Mohamed Sajid, a été reconduit pour un deuxième mandat. Le changement est intervenu au niveau du poste de vice-président. Les textiliens ont élu Karim Tazi à ce poste. Le créateur de la marque Marwa occupait jusque-là le poste de président de la «Commission innovation et R&D» au sein de l'AMITH. Le duo Sajid-Tazi n'a eu aucun souci à être élu à la tête de l'AMITH. Ils étaient les seuls en course. Décidément, la tendance au candidat unique devient monnaie courante parmi les associations et autres représentations du patronat marocain. Malgré cette élection plutôt banale, plusieurs opérateurs du secteur estiment que l'élection de Karim Tazi au poste de vice-président marque un tournant dans l'association des textiliens. En effet, ce dernier confirme la montée des opérateurs de l'AMITH qui fournissent le marché intérieur. Ces derniers obtiennent ainsi plus de pouvoir par rapport aux textiliens tournés exclusivement vers l'export. Cette montée coïncide avec les doléances exprimées par les opérateurs actifs sur le marché intérieur pour améliorer les conditions de leur intervention sur le marché. Ces derniers demandent notamment de serrer la vis au niveau du contrôle douanier pour empêcher, ou même diminuer, le flux de marchandises qui entrent sur le marché en contrebande. Ils demandent également au fisc d'accentuer son contrôle pour lutter contre les pratiques du noir qui pénalisent les textilens respectueux de la loi. En parallèle à ces doléances, les pouvoirs publics, notamment le ministère du Commerce et de l'industrie, recommandent ouvertement aux textiliens de se tourner vers le marché local qui est adressé à hauteur de 10% seulement par les industriels marocains. Se focaliser sur le marché local ne veut pas dire oublier l'export. D'ailleurs, le président réélu de l'AMITH, Mostafa Sajid, a demandé aux opérateurs vendant sur le marché local d'explorer des opportunités à l'export et aux exportateurs de se tourner partiellement vers le marché local. Le marché de l'export connaît également de profondes mutations. Il est vrai que la crise des exportations de textiles marocains est toujours aussi grave. En témoignent, les derniers chiffres révélés par l'Office des changes à ce sujet. Néanmoins, les textiliens font état d'une augmentation des coûts des exportations européennes en provenance de la Chine. Ce qui donne au Maroc la possibilité d'augmenter les quantités qu'il vend en Europe, en misant notamment sur le fast fashion. A cela s'ajoute le retour des centrales d'achat du Vieux continent sur le marché marocain. La balle est désormais dans le camp des exportateurs. C'est à eux de restructurer leur système de production pour saisir ces opportunités. Mais ces derniers se plaignent toujours de la logistique qui constitue toujours pour eux un goulot d'étranglement qui réduit la compétitivité de leurs exportations.