L'Espagne est sortie de la récession au 1er trimestre, enregistrant une timide croissance du PIB de 0,1% par rapport au dernier trimestre 2009, après un an et demi de contraction d'activité, selon une estimation de la Banque d'Espagne publiée vendredi. «Les estimations réalisées à partir de l'information conjoncturelle disponible montrent qu'au premier trimestre, le PIB a augmenté de 0,1% en termes inter-trimestriels, après six trimestres consécutifs de baisse», selon le bulletin économique mensuel de l'institution. L'Espagne, 4e économie de la zone euro, est entrée dans la récession au deuxième semestre 2008, frappée par la crise financière internationale et l'éclatement de la bulle immobilière qui avait dopé sa forte croissance des années précédentes. Sur l'ensemble de l'année, le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero s'attend à une contraction de l'activité de 0,3% du PIB en 2010, après un repli de 3,6% en 2009. Cela signifie que l'économie espagnole devrait repasser dans le rouge au cours des prochains trimestres. «La demande intérieure a atténué son rythme de baisse» au premier trimestre, et la demande extérieure a eu moins d'impact positif sur le PIB en raison de la «reprise des exportations et des importations», a analysé la Banque d'Espagne. Mesures de soutien, pour quoi faire ? Les plans de soutien du gouvernement espagnol à l'activité, comme la prime à la casse pour l'automobile, «ont poussé à la réactivation de quelques composants des dépenses, en particulier des ménages», selon le bulletin. L'Espagne est sous la pression des marchés à cause de l'explosion de son déficit public, qui s'est élevé à 11,2% du PIB en 2009. Le gouvernement a adopté un plan d'austérité de 50 milliards d'euros pour le ramener à 3% en 2013, mais certains observateurs doutent de son réalisme à cause justement de la faible croissance de l'Espagne dans les années à venir. La semaine dernière, l'agence de notation Stantdard & Poor's a dégradé la note de la dette de l'Espagne, estimant qu'une croissance molle dans les années à venir allait gêner l'application du plan d'austérité. Le gouvernement prévoit un retour à la croissance en 2011 (+1,8%), qui va s'accélérer en 2012 (+2,9%) et 2013 (+3,1%). Ses prévisions sont plus optimistes que celles de la Commission européenne ou du Fonds monétaire international, ce dernier estimant notamment que la croissance du PIB espagnol ne sera que de 0,9% en 2011. L'avenir reste sombre Avec un chômage supérieur à 20% et une demande fragile, les analystes n'entrevoient toutefois pas de reprise solide de la croissance. «C'est une bonne nouvelle et les marchés l'ont saluée à la hausse. Mais les marchés accordent cependant moins d'importance aux chiffres (...) qu'à la politique, à la crédibilité», remarque Jose Garcia Zarate, du cabinet de conseil 4Cast. «Le problème de l'Espagne, c'est un important chômage. Cela continue de peser sur les perspectives économiques», ajoute-t-il. Le gouvernement espagnol anticipe une croissance pour tous les trimestres de l'année, mais une contraction de 0,3% sur l'année. Il prévoit une croissance de 1,8% en 2011 et proche de 3% en 2012.