«Femme écrite». Tel est le titre du deuxième long métrage de Lahcen Zinoun, actuellement en post production. Après «La beauté éparpillée» produit en 2007, Zinoun récidive et attaque cette fois-ci un sujet délicat, celui du corps. «C'est une enquête au fond de la mémoire marocaine», précise le critique de cinéma Mohamed Soukry, qui a co-écrit le scénario du film avec Zinoun. L'histoire du long métrage commence lorsque la police retrouve le corps d'une femme avec un tatouage au niveau du ventre, qu'on a essayé d'effacer. Une enquête est donc ouverte et les questions s'enchaînent : qui est cette femme ? Pourquoi l'a-t-on assassinée ? Quelle est la signification de son tatouage et pourquoi a-t-on essayé de l'effacer ? Tant de questions pour tenter de démêler l'écheveau de ce crime. Mais au-delà de l'enquête policière, «Femme écrite» pose de véritables problématiques propres à notre société. «L'enquête menée par la police n'est qu'un prétexte», tient à rappeler Soukry, qui signe ici son premier scénario. La prostitution, l'inceste et surtout la liberté du corps de la femme sont autant de sujets abordés par le film. «Avant d'amorcer l'écriture du scénario, Zinoun et moi avions longtemps discuté sur la difficulté d'aborder tout cela. Le nu est bien entendu présent dans le film, mais croyez-moi, il n'est pas gratuit. Notre objectif n'est pas de montrer n'importe quoi ou de provoquer les gens. D'ailleurs, nous avons supprimé certaines scènes lors du montage. Ce n'est pas de l'autocensure, mais nous voulons éviter toute scène gratuite», affirme Soukry. Fatym Layachi, Ismail Abou Kanater et les autres Pour cette nouvelle production, Zinoun a fait appel à la jeune Fatym Layachi (elle a campé le premier rôle du film « ...Un film» de Mohamed Achaouer, présenté lors du dernier festival national du film de Tanger) et à Ismail Abou Kanater, considéré comme la grande révélation de la manifestation tangéroise. «Les acteurs du film se sont complètement investis lors du tournage, qui a eu lieu dans la région de Marrakech», ajoute le co-scénariste du long métrage. L'actrice Raouia qu'on ne présente plus, participe également à «Femme écrite». Un petit rôle, mais ô combien déterminant, comme le précise Soukry. «Femme écrite» qui pourrait être présenté au prochain festival de Venise, se veut donc une quête de la liberté des droits de la femme marocaine contemporaine, que l'on ne veut pas voir... Un film onirique, poétique, de fantasme et de rêve, mais très imprégné par la réalité anthropologique marocaine. Bref, un film qui ne manquera pas de déclencher le débat sur plusieurs sujets, toujours tabous au Maroc.