L'opération en cause dans la plainte de la SEC est un montage financier complexe, un CDO (Collateral Debt Obligation), que Goldman Sachs a baptisé «Abacus 2007». Le principe général de ces CDO, montages extrêmement en vogue pendant la constitution de la bulle immobilière des années 2000, est de parier sur la bonne tenue d'actifs (immobiliers ou encore de dette d'entreprises) en utilisant le maximum de leviers, donc en engageant une mise de fonds minimale. Un investisseur dans un CDO demande donc à une banque, «le structureur», de constituer un portefeuille de produits dérivés indexés sur, par exemple, des crédits immobiliers dits «subprimes». Ces crédits, engagés par les ménages les plus endettés, sont des actifs risqués, mais qui promettent un excellent rendement pour peu qu'ils soient remboursés. Pour financer l'opération, le structureur va emprunter de l'argent auprès de différents investisseurs en émettant des «tranches de CDO», dont le risque peut être adapté au profil de l'investisseur. Lorsque tout se passe comme prévu, les ménages remboursent leurs crédits, et permettent au montage de rémunérer tous les intervenants, avec au passage une confortable marge pour la banque intermédiaire. Dans l'affaire Abacus, on reproche à Goldman Sachs d'avoir trompé ses investisseurs. Tout en leur faisant la promotion du produit, la banque aurait caché le fait que c'était le hedge fund Paulson & Co qui était à l'origine du montage, et que celui-ci pariait sur une chute des actifs immobiliers. Son intérêt était donc de sélectionner les actifs les plus fragiles. L'histoire lui donna raison, car il engrangea un profit d'un milliard de dollars sur le montage après la crise immobilière, alors que les clients de la banque, dont la banque IKB, essuyaient de lourdes pertes.