La machine du crédit s'est-elle définitivement essoufflée ? Les dernières statistiques monétaires de la Banque centrale démontrent en tout cas que la décélération de la croissance des crédits bancaires s'est poursuivie en mars 2011. Au terme du premier trimestre, les banques marocaines ont affiché un encours des crédits de l'ordre de 630,6 milliards de DH, en hausse de 6,4% en rythme annuel, soit 20 points de base de moins qu'en février. C'est dire que le temps où les crédits bancaires croissaient de deux chiffres est révolu. Cette situation est principalement imputable au ralentissement de la croissance des encours des crédits à l'économie. Cette catégorie affiche à fin mars dernier un encours de 133,56 milliards de DH, en hausse de 9,9% seulement comparativement à la même période de l'année écoulée. En février, le financement de l'équipement des ménages et surtout des entreprises affichait encore une évolution de 14%. Selon les analystes, cette décélération pourrait traduire un ralentissement du rythme d'investissement dans notre économie, partiellement durant le mois de mars, soit en raison de la frilosité des banques face à la montée du risque, soit par volonté des entreprises de reporter leurs projets, vu le contexte politique qui régnait durant ce mois. Quoi qu'il en soit, les crédits à l'immobilier et ceux à la consommation, principalement destinés au financement des besoins des ménages, ont pu maintenir leur évolution au même niveau que celle du mois précédent. Ainsi, le financement des acquisitions de logement a totalisé un encours de 193,37 milliards de DH, en hausse de 9% en rythme annuel, confirmant de ce fait son rang de principale catégorie des emplois des banques marocaines. Du côté des crédits à la consommation, l'encours s'est établi à 32,79 milliards de DH. Il est par ailleurs à noter que les crédits de trésorerie et les comptes débiteurs, dont l'encours global a atteint 146,93 milliards de DH, sont l'unique catégorie des crédits qui affiche une importante accélération d'un mois à l'autre. À fin mars, leur croissance s'établissait en effet à 9,7%, alors qu'en février elle ne dépassait guère 7,1%. Sur un autre registre, les données de la banque centrale font ressortir que les créances nettes sur l'Administration centrale ont progressé de 1,1% pour atteindre 90 milliards de DH d'encours. De leur côté, les avoirs extérieurs nets se sont contractés de 2,1% suite à la baisse des avoirs de la banque centrale de 3,2%. Cette baisse confirme ainsi la tendance observée depuis le début de l'année et qui vient rompre avec 8 mois de hausses consécutives.