Avant de démarrer ce billet, je me suis longtemps demandé : j'y vais ou je n'y vais pas ? En général, je réfléchis rarement sur ce que je vais écrire, et pas plus quand je l'ai écrit. Mais, là, je vous avoue que j'ai hésité un peu. Un peu beaucoup même. En vérité, il faut que vous sachiez que c'est vraiment par hasard que j'ai appris que le sujet était... comment m'a-t-on dit, au fait ?... c'est ça : sensible. En effet, je discutais hier soir avec des amis un peu de tout et de rien et nous avons a été amenés à parler, tout logiquement, de cette étoile montante et menaçante : le nuage de cendres. Comme d'habitude, j'ai déliré comme j'ai pu sur ce truc bizarroïde, et qui est, pour un clown comme moi, un vrai cadeau du ciel. C'est un peu vache de ma part, c'est vrai, de me marrer sur ça, alors que c'est quand même cette «chose» qui a cloué des centaines d'avions au sol, empêché des centaines de milliers de passagers de rentrer chez eux ou d'aller s'envoyer en l'air où ils veulent, et, enfin, coûté des centaines de millions d'euros, rien qu'en manque à gagner pour les compagnies aériennes. D'abord, je ne vais pas chialer sur ces avionneurs-pollueurs qui nous amènent bien où on veut, certes, mais qui nous mènent aussi à la baguette depuis belle lurette, et qui, été comme hiver, se remplissent les fouilles en se foutant des foules. La célèbre et vieille chanson de Plastic Bertrand Ça plane pour moi, est sûrement une commande d'une compagnie aérienne. Bref, je disais donc que je me suis bien amusé sur cette étrange masse de cendres crachée par la terre, qui est montée aussitôt très haut dans le ciel, et qui s'est transformée en un gigantesque nuage de poussière. Et de là-haut, le salaud, il n'a pas arrêté, depuis, de nous pomper l'air. Vous êtes certainement en train de vous demander où je veux en venir avec cette histoire poudreuse et pas très claire, alors que, normalement, j'essayais de vous expliquer pourquoi j'ai hésité à aborder le sujet d'aujourd'hui, sujet «très sensible», m'avait-t-on prévenu, et sujet, d'ailleurs, vous auriez tout à fait raison de me le rappeler, que je n'ai toujours pas commencé. Non, je n'ai pas peur. Peur, moi ? Peur de quoi ? De qui ? Allons, donc ! La preuve, je vais foncer ! Après tout, qu'est ce qui peut bien m'arriver ? Et même si jamais, à Dieu ne plaise, il m'arrivait quelque chose, je suis sûr que vous n'allez pas me laisser tomber. Parce que je sais que vous ne pouvez plus vous passer de moi. Cela dit, j'ai pris toutes mes précautions. On ne sait jamais. J'ai écrit à tous mes confrères, j'ai appelé mon avocat, j'ai envoyé un mot à mon notaire, j'ai prévenu mon cardio, et, enfin, j'ai demandé à ma douce moitié de prendre contact, le cas échéant, avec mes amis les ministres pour qu'ils fassent le nécessaire, si nécessaire il y a. Alors, c'est pour ça que, comme vous avez dû le constater depuis le début, je me sens parfaitement à l'aise pour parler, en toute quiétude et sans aucune inquiétude de cet événement grandiose, unique, extraordinaire, merveilleux, exceptionnel, formidable, incroyable, sublime, impressionnant, admirable... Qu'est ce que j'ai oublié d'autre ? ... Ah oui, j'ai trouvé : ... étonnant ! Justement, c'est de cet événement surprenant, disais-je, que j'avais envie de vous parler aujourd'hui, mais hélas, je n'ai plus de place. Ça sera pour une autre fois. Et si je veux, Monsieur ! En attendant, et comme je ne veux pas qu'on me prenne pour un Rabat-joie, je vais aller, comme tout le monde, faire ma petite bonne action du jour pour la... Journée de la Terre. Tenez ! Ça serait une bonne idée, pour vous aussi, de vous mettre au vert. Bon week-end et à lundi.