On reprend le même et on recommence. Ça commence vraiment à bien faire. Tout le monde en parle mais personne ne râle. Moi, si. Ce n'est pas que je n'aime pas le personnage, loin de là. J'aime bien sa bonne bouille de gentleman-farmer nourri à l'agneau de lait et au blé bio, et avec le peu que je sais de son passé de bon socialiste BCBG, j'ai toujours eu, non pas de l'admiration – je ne vais pas vous mentir – mais, plutôt de l'affection, comme on peut en avoir pour son premier directeur d'école, son vieux voisin de palier, ou de son oncle instituteur à la retraite. Mais, là, j'avoue qu'il en fait trop. J'aime bien me marrer, mais quand ça devient ridicule, je ne rigole plus. Moi, je veux juste savoir le pourquoi de tout ce va-et-vient ? Il était président du Parlement, il devient ministre, il promet de quitter le gouvernement s'il est élu premier secrétaire de son parti, il le devient, mais il reste ministre, il quitte de nouveau le gouvernement pour, dit-il, mieux s'occuper de son parti et là, il revient et redevient président du Parlement, alors qu'à ma connaissance, ce dernier - et le mot est presque approprié – est loin d'être au meilleur de sa forme. Alors, peut-être que je divague, que je dis des bêtises, que je raconte n'importe quoi, mais, je vous en conjure, éclairez-moi : pourquoi tout ça ? À quoi veut-il en venir ? Que cherche-t-il au juste à nous prouver ? Où veut-il nous mener ? Quel est le but de toutes ces manœuvres ? De toutes ces élucubrations ? En vérité, pour je ne sois pas trop injuste envers lui, je devrais poser ces mêmes questions à tous ceux qui ont soutenu et applaudi ce jeu d'ascenseur capable de donner le vertige aux plus grands des alpinistes. Oui, c'est à vous que je parle. De quoi cherchez-vous à nous convaincre ? À quoi voulez-vous en venir ? Que voulez-vous qu'on comprenne ? Que notre peuple est devenu stérile et incapable d'accoucher d'une relève ? Que si nos vénérables patriarches sont écartés des responsabilités, c'est la porte ouverte aux irresponsabilités ? Que si nos respectables doyens quittent le pouvoir, nous allons perdre tous nos moyens ? Je vous assure que j'ai envie de comprendre. Franchement, croyez-vous que c'est comme ça que vous allez nous persuader, pardon, persuader les jeunes à qui vous cassez les oreilles à longueur de journée de télé, en leur promettant monts et merveilles, le soleil, les étoiles et la lune, si jamais ils vont aux urnes ? Vous nous prenez, pardon, vous les prenez pour des imbéciles ou quoi ? Tenez ! Pourquoi ne pas leur demander ce qu'ils pensent de tout ça ? Pourquoi ne pas leur demander, par exemple, ce qu'ils pensent de cette élection, soi-disant «à l'arraché», qui a «nécessité un 2e tour», et qui a mis, pardon, a remis, en haut d'un perchoir – plongeoir, un militant, un combattant, un résistant, un tout ce que vous voulez, mais qui est là, bon sang ! depuis 47 ans !?! Ce n'est plus de la résistance, c'est de... l'inconscience. Et, en plus, qui a voté pour qui ? Comme pour la mascarade de la Chambre des conseillers où c'est un candidat de «l'opposition» qui a été élu, là, voilà qu'on apprend, qu'on constate, qu'on découvre, que c'est grâce également aux voix de cette sacrée «opposition» qui nous est tombée du ciel, que notre irrésistible résistant est remonté au firmament . Je vous jure que ça ne me fait pas du tout marrer. D'ailleurs, pour finir sans conclure, permettez-moi de poser une dernière question à l'intention, justement, de cette «opposition» qui serait, nous dit-on, celle qui fait vraiment la pluie et le beau temps : où allons-nous ? En attendant d'avoir, un jour, une réponse, je vous laisse vaquer à vos occupations plus terre-à-terre.